119 et ONPE : alerte sur l'insuffisance du budget 2019
Mise à jour : Dans un communiqué du 28 septembre 2018, l'intersyndicale du GIPED, indique avoir reçu confirmation par la Mme Agnès Buzyn, ministre de la Santé et des Solidarités « d'un retour à la dotation budgétaire de 2017 pour l'année prochaine », ce qui « permet au GIPED de poursuivre ses missions ». La ministre prévoit cependant « la mise en place d'une mission d'appui de l'Etat afin d'améliorer "l'organisation et l'efficience" du service ».
Lors d’un conseil d’administration réuni le 5 juillet dernier, les représentants de l’État au sein du GIPED ont fait part de leur intention de maintenir le budget 2019 au même niveau que celui de 2018, qui était en baisse de 7% par rapport à celui de 2017.
« Nous avons pu en 2018 ponctionner sur notre trésorerie mais cela ne sera plus le cas en 2019, s’inquiète Céline, écoutante au 119 et représentante de l’intersyndicale CGT-CFDT-Sud. Nous allons atteindre un déficit de 450 000 euros qui, selon les hypothèses de travail de la direction générale, se répercuterait sur le travail de nuit ». Actuellement effectuées par deux écoutants, c’est-à-dire deux professionnels de la protection de l’enfance, ou un salarié chargé du pré-accueil et un écoutant, les nuits seraient ainsi réalisées par un seul écoutant ou un chargé du pré-accueil, avec une astreinte en relais en cas de nécessité.
« Ce serait dramatique, poursuit Céline. La nuit, nous recevons des appels d’urgence : les adolescents qui ont fugué et ne savent pas où aller, les personnes victimes de violences familiales pour lesquels nous pouvons appeler les services de police et de gendarmerie. Et puis les familles qui ont appris une nouvelle pendant la journée, n’arrivent pas à dormir et ont besoin de parler ». Le Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (SNATED-119), lancé en janvier 1990, a reçu près de 470 000 appels en 2016. Le nombre d’informations préoccupantes n’a cessé d’augmenter depuis 2012.
Mais la baisse de budget pourrait aussi impacter le fonctionnement de l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE). «Actuellement nous sommes quinze agents dont six chargés d’études. Avec ce budget des CDD ne seraient pas reconduits et des CDI pourraient être supprimés » indique Milan Momić, chargé d’études et membre de l’intersyndicale. Il tient à rappeler le rôle essentiel de l’ONPE pour soutenir les professionnels de la protection de l’enfance, faire le lien entre recherche et pratique, améliorer les statistiques et les connaissances encore insuffisantes en France. « Ce sont des dispositifs qui mettent du temps à se déployer, car l’ONPE est aussi tributaire de la transmission des départements. Mais nous commençons à retracer des parcours en protection de l’enfance et à montrer qu’une proportion assez importante d’enfants, entre 3 et 4 % dans certains départements, est concernée par la protection de l’enfance avant l’âge de quatre ans ».
L’alerte des salariés du GIPED a été largement relayée par les associations et les représentants de la protection de l’enfance. Dans un communiqué publié le 21 septembre, la fédération des associations de protection de l’enfant (CNAPE) « déplore cette situation et en appelle à la ministre des Solidarités et de la Santé qui prochainement dévoilera sa stratégie pour la protection de l’enfance ». L’intersyndicale, sans nouvelles du gouvernement, espère une issue favorable lors du prochain conseil d’administration du GIPED le 23 octobre, puis du vote le 29 novembre du budget 2019 lors de l’assemblée générale.