Crise de l’accueil du jeune enfant : des propositions attendues d’ici juin 2022
« Je mesure l’ampleur de la tâche » déclare d’emblée Élisabeth Laithier, fine connaisseuse - c’est rare - de l’accueil du jeune enfant, élue locale pendant 25 ans à la petite enfance, autrice du rapport de 2018 sur l’attribution des places en crèche et référente de l’AMF sur la petite enfance.
Les longs travaux préparatoires à la réforme des modes d’accueil via la loi ASAP, et la cinquantaine de participants réunis lors de la réunion constitutive mardi lui ont donné un avant-goût de la mission à venir. « Il y aura des discussions parfois âpres, difficiles, mais l’urgence est telle face à la pénurie de professionnels et les besoins de revalorisation des métiers que je ne doute pas de la volonté de tous de se réunir autour de la table » poursuit-elle.
A la recherche de solutions
Tous, ce sont les organisations syndicales, patronales, les représentants des municipalités, des départements et des régions, les fédérations représentatives. Ce comité filière qui commencera ses travaux en janvier 2022 fonctionnera avec deux catégories de groupes de travail : les groupes thématiques qui aborderont les questions de pénurie de professionnels ou les passerelles entre les métiers, et les groupes transversaux qui examineront l’évolution du droit conventionnel et seront restreints aux organisations syndicales.
Face à la décrue inquiétante du nombre d’assistantes maternelles et au gel de places en accueil collectif annoncé dans plusieurs villes faute de professionnels, l’horizon fixé à trois ans pour de premières propositions n’est-il pas déjà trop tardif ? « Bien-sûr les groupes chargés de l’évolution du droit prendront plus de temps, mais pour les questions de pénurie de personnels et de qualité de vie au travail nous devons avancer trouver des solutions bien avant, souligne-t-elle. Mon objectif c’est donc de parvenir à de premières propositions dans six mois, sans négliger la qualité d’accueil ».
Echéances électorales
Six mois… donc après les élections présidentielles et législatives. Quelle garantie de survie du comité filière après 2022 ? « Ce comité est installé pour trois ans et je suis indépendante, car je ne suis plus élue depuis 2020. Cela permet de passer les élections. Et c’est aussi pour cela que nous encadrons ce comité par un contrat, soumis actuellement à la signature de tous les participants, qui permet à chacun de s’engager dans la durée ».
Un contrat plutôt inhabituel, qui intrigue Stéphane Fustec, représentant de la CGT Assmat. « Nous serons vigilants à ce qu’il ne se substitue pas au travail des partenaires sociaux des branches » souligne-t-il.
Attention à l’accueil individuel
Quid également de la place des assistantes maternelles dans les réflexions de ce comité ? « Nous alertons sur le fait que les professionnelles doivent être autant considérées et au coeur des préoccupations de ce comité que l’accueil collectif, insiste Sandra Onyszko, porte-parole de l’Ufnafaam. Car la décrue du nombre d’assistantes maternelles est connue depuis de nombreuses années maintenant et pourtant n’a pas suscité de sursaut de la part des pouvoirs publics ».
« Ce que nous souhaitons, c’est rapprocher le plus possible les assistantes maternelles des autres salariées de la petite enfance et du Code du travail, aboutir à des évolutions en ce qui concerne le temps de travail, la rémunération, le reste à charge pour les familles, présente Liliane Delton, secrétaire générale de l’UNSA Proassmat. Et j’aimerais en premier lieu aboutir à la création d’un fonds de garantie de paiement du salaire ».
Des attentes
« Il faudra poser toutes les problématiques des assistantes maternelles et des gardes à domicile. L’augmentation du salaire de base, qui n’a jamais évolué, est inévitable. Si nous voyons que les discussions n’avancent pas nous n’hésiterons pas à taper du poing sur la table » prévient véronique Delaitre, référente nationale FGTA-FO.
Élisabeth Laithier l’assure : « l’accueil individuel et collectif sont tout à fait complémentaires et mon intention n’est pas de laisser de côté l’accueil individuel ». À suivre.