Les assistants familiaux dans un « flou total »
C’est lui qui a fait prendre conscience au grand public des manquements de la France à l’égard des enfants placés à l’Aide sociale à l’enfance : Lyes Louffok voit aujourd’hui son histoire, racontée dans le livre Dans l’enfer des foyers, portée à l’écran. Le téléfilm d’Akim Isker L’enfant de personne sera diffusé à 21h05 et suivi d’un débat, en présence notamment d’Annick Moine, présidente de la Fédération nationale des assistants familiaux (FNAF). A noter l’absence du secrétaire d’État à l’Enfance et aux Familles, Adrien Taquet, décriée par Lyes Louffok et l’une des actrices du téléfilm, Isabelle Carré, qui s’exprimait hier dans l’émission On est en direct sur France 2.
Que cela plaise ou non, c’est grâce à la puissance médiatique de la télévision et à des documentaires précédemment diffusés que le gouvernement a commencé à se mobiliser pour la protection de l’enfance, en créant un secrétariat d’État puis en annonçant une stratégie dédiée. Au programme : une contractualisation Etat-départements pour une meilleure réponse dans les territoires chefs de file, et une refonte du statut des assistants familiaux, un métier en perdition.
Mauvais calendrier
Mais le calendrier inquiète profondément dans la profession. Alors que le vote définitif de la loi sur la protection des enfants est annoncé pour la mi-décembre -le texte adopté en juillet par les députés doit désormais être examiné par les sénateurs – l’Ufnafaam dénonce un « silence radio » du gouvernement quant aux modalités de la refonte.
« Alors que nous avons activement participé au groupe de travail autour de la réforme, nous n’avons plus aucune nouvelle du gouvernement depuis notre dernière réunion de septembre, c’est le flou total, regrette Martine Orlak, présidente. Or les travaux ne sont pas du tout finis, il y avait de nombreux points à revoir ».
Parmi eux, toutes les modalités d’application des quatre grands points contenus dans le projet de loi pour les assistants familiaux. « On nous annonce le SMIC pour un enfant mais qu’est-ce que cela veut dire ? Cela ne s’adresse-t-il qu’à des professionnels qui n’accueilleront qu’un enfant ? Quid de la rémunération pour les autres enfants » ? En dehors de la rémunération, l’inquiétude porte également sur l’application de la future réforme dans les départements et les moyens qui leur seront accordés.
« Mais surtout nous savons qu’à partir de janvier, il ne va rien se passer en raison de l’élection présidentielle. Et en cas de changement de majorité, il faudra tout refaire. Nous aurons donc perdu un temps fou pour la profession » constate Martine Orlak. Or, très fragilisée et connaissant de nombreux départs en retraite, elle n’a plus le temps d’attendre.
Pour l’heure, les mails envoyés au cabinet d’Adrien Taquet par l’Ufnafaam restent sans réponse. Nul doute qu’avec cette nouvelle actualité télévisée, et à l’approche de la Journée internationale des droits de l’enfant le 20 novembre, Adrien Taquet ne manquera pas de faire quelques annonces rapidement.