Prévention en protection de l’enfance : un rapport souligne le rôle des assistantes maternelles
Cette mission d’évaluation de la prévention en matière de protection de l’enfance, confiée aux trois inspections générales en avril 2018 et achevée en janvier 2019, vient s’ajouter aux nombreux documents censés étayer le « Pacte pour l’enfance » promis pour l’automne par le secrétaire d’État Adrien Taquet (1).
Ce rapport devrait alimenter la partie « prévention » de cette future stratégie, victime selon les inspecteurs d’un « flou », d’un manque de lisibilité, de pilotage, de continuité et de réactivité sur les territoires. Il préconise afin de l’améliorer une approche distinguant prévention universelle, pour tous les enfants, et prévention ciblée, auprès de familles vulnérables repérées.
La première recommandation vise à définir une doctrine de la prévention en protection de l’enfance dans le cadre d’une conférence de consensus, assortie de référentiels communs et d’un outil d’évaluation.
Les autres recommandations visent à renforcer la prévention universelle et la prévention ciblée, en s’appuyant sur des professionnels formés dans tous les secteurs : les assistants sociaux dans les écoles, les enseignants pouvant s’appuyer sur les travailleurs sociaux et la Protection maternelle et infantile (PMI), les travailleurs sociaux pratiquant des interventions à domicile renforcées.
Le renforcement du rôle de prévention des assistantes maternelles et des crèches est recommandé, car l’accueil du jeune enfant « intervient à un moment crucial du développement des liens entre l’enfant et ses parents et peut être l’occasion de repérer les difficultés dans l’établissement de ces liens ».
Pour y parvenir, la mission préconise d’élaborer un référentiel éducatif, reprenant à son compte une des mesures contenue dans la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté afin de former les 600 000 professionnels de l’accueil du jeune enfant.
Actuellement, 47 % des départements interrogés par la mission indique n’avoir mis en place aucune action en matière d’information sur la prévention et de formation au repérage des vulnérabilités auprès des assistantes maternelles. De manière assez vague toutefois, les inspecteurs considèrent que les relais d’assistantes maternelles (RAM) « sont un bon vecteur pour diffuser une dynamique pédagogique auprès des assistantes maternelles ».
A noter que tout au long de ce rapport sont évoqués les « moyens contraints » et « insuffisants » aujourd’hui dans chaque secteur – Éducation nationale, Aide sociale à l’enfance, etc. La publication du rapport coïncide par ailleurs avec la visite d’Adrien Taquet dans les locaux du Service national d'accueil téléphonique de l'enfance en danger (Snated), où des cadres et des écoutants ont demandé des renforts pour le numéro 119, qui parvient difficilement à remplir sa mission. En septembre 2018, salariés et direction du Groupement d’intérêt public Enfance en danger (GIPED), qui gère également l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE), s’étaient mobilisés pour défendre le budget alloué au GIPED.
(1) L’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), l’Inspection générale de l’éducation nationale (IGEN) et l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) ont été missionnés par la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn et le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer