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Crise sanitaire : le fort sentiment d’isolement des assistantes maternelles mis au jour

sondage assistante maternelle
Publié le 12/01/2021
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
L’isolement est le facteur qui a été le plus difficile à traverser pendant la crise sanitaire, suivi de près par la complexité pour transférer les nouvelles consignes auprès des particuliers employeurs. C’est ce qu’il ressort d’un récent sondage de l’Ufnafaam. Détails.

L’Union fédérative nationale des associations de familles d'accueil et assistantes maternelles (Ufnafaam) vient de publier les résultats d’un questionnaire mené en ligne pendant une semaine entre le 30 décembre et le 7 janvier. Il a recueilli, sous couvert de l’anonymat, les réponses de 1012 assistantes maternelles. Ses résultats mettent en lumière différents enseignements sur la manière dont les professionnelles ont vécu la crise sanitaire, tant sur le plan psychologique que sur celui des pratiques.
 

Difficultés financières : du 50-50

La première partie du questionnaire traite du bilan de l’année passée. Il interroge d’abord les assistantes maternelles sur les éventuelles difficultés financières rencontrées. Le retour est de 50-50 entre les « oui » et les « non ». « Il faut en déduire que cahin-caha, une partie d’entre elles ont réussi à pérenniser leur profession : quelques-unes ont même vu la période comme l’opportunité d’accueillir un ou deux enfants en plus, commente Sandra Onyszko, porte-parole de l’Ufnafaam. Par ailleurs, beaucoup de parents ont joué le jeu et maintenu leur salaire. Tandis que d’autres professionnelles ont subi de plein fouet la crise, avec la galère du chômage partiel, puis des ruptures de contrat. »
 

L’isolement, principale difficulté évoquée

A la deuxième question : « Quelle a été, pour vous, la situation la plus compliquée à traverser ? », la majorité (43,4 %) répond avoir vécu plus d’isolement que d’habitude. « En ces périodes marquées par une forte distanciation sociale, beaucoup n’ont pas réussi à maintenir leurs stratégies de socialisation pour contrer l’aspect solitaire du métier, notamment via les Relais d’assistantes maternelles, souvent fermés », décrypte Sandra Onyszko. Pour près d’un tiers d’entre elles (32,9%), expliquer aux familles employeurs les nouvelles obligations sanitaires a été le deuxième écueil. « Nombre d’entre elles ont eu du mal à convaincre les parents de porter un masque ou d’écourter les transmissions », pointe Sandra Onyszko. Quelque 20 % seulement se plaignent d’avoir subi des ruptures de contrat plus fréquentes en raison de la situation des familles (télétravail, licenciement). Tandis que pour moins de 4 %, les difficultés tiennent à la nécessité d’expliquer la situation aux enfants accueillis. 
 

Peu d’effets négatifs sur les enfants accueillis

Un chiffre bas, confirmé par la question suivante : « Et les enfants accueillis ? Qu’avez-vous plus observé que d’habitude ? ». Pour 85,1 % des répondantes, les enfants ont plutôt bien traversé cette période. Pour 11,3 %, ils pouvaient parfois avoir des craintes face aux informations entendues et pour 3,8 % seulement, ils ont posé énormément de questions liées à la pandémie. « Une bonne nouvelle, quoiqu’un peu surprenante, commente Sandra Onyszko : on aurait pu penser que les enfants avaient moins bien vécu la période que cela. Dans tous les cas, leur angoisse est directement liée à celle des parents. S’ils sont à l’aise avec le port du masque, par exemple, les petits le seront aussi. »

Moins de jeux mis à disposition, l’hygiène renforcée maintenue

La seconde série de questions porte sur les leçons de la crise. Première interrogation : « Quelles habitudes professionnelles parmi celles que vous avez modifiées avez-vous décidé de garder après cette crise ? ». Pour près d’une assistante maternelle sur quatre (39,9 %), il s’agira de mettre moins de jeux à disposition. « Autre effet positif de la période : la prise de conscience, par nombre d’entre elles, que c’est le jeu qui est important et pas le jouet, souvent proposé en excès jusque-là », note Sandra Onyszko.

Autre résultat : pas moins de 31,9 % prévoient de laver plus encore que d’habitude. « L’alourdissement des protocoles sanitaires les ont fatiguées, mais beaucoup vont poursuivre massivement les règles d’hygiène, remarque-t-elle. Reste à savoir si c’est parce que le virus leur fait peur ou parce qu’elles pensent qu’il s’agit d’une bonne pratique, engendrant notamment moins de grippe ou de gastro-entérite. »
 

Transmissions écourtées

Un peu moins de deux sur dix (19,7 %) envisagent de consacrer moins de temps aux transmissions. « Encore un point positif, estime Sandra Onyszko. Certaines avaient du mal à limiter ce temps de transmission. Or, au-delà de 10-15 minutes, on bavarde de tout autre chose que des enfants accueillis : il ne s’agit donc plus de temps opérationnel. » Enfin, seules 8,5 % des personnes interrogées comptent utiliser plus souvent les mails pour informer les parents employeurs. « Nous restons un métier de proximité, qui passe massivement par l’oral », approuve Sandra Onyszko.
 

Un besoin d’accompagnement fortement affirmé

L’ultime question : « Quelle proposition pour améliorer votre situation ? » est particulièrement significative. Plus de 60 % des assistantes maternelles évoquent le besoin d’un accompagnement accru. « En lien avec la difficulté de l’isolement, ce que désirent en majorité les assistantes maternels est d’avoir un accompagnement régulier, par les PMI ou les RAM, avec la possibilité d’échanger autour de situations vécues», évoque Sandra Onyszko. Un peu moins d’une sur trois penchent pour un soutien financier (prime Covid, notamment) et une meilleure reconnaissance par l’Etat. Le reste évoquant des pistes très diverses : avoir toujours du travail, avoir un diplôme, voir enfin le bout de la crise sanitaire…
 

Des résultats à creuser

L’Ufnafaam compte bien œuvrer pour tirer les conséquences de ces enseignements, afin d’améliorer le quotidien des professionnels face à une crise dont une bonne partie semble encore devant nous.