Écrans : prudence et précautions
Les enfants sont attirés par les écrans omniprésents dans leur environnement. Ils sont en mesure d’interagir facilement et avec dextérité avec ces appareils tactiles. Les fabricants l’ont bien compris et commercialisent des appareils destinés aux 0-3 ans, de qualité plus qu’aléatoire, aussi bien en termes de fabrication que de contenus.
L’omniprésence des écrans
Une enquête de l’Association française de pédiatrie ambulante (AFPA) révélait en juillet 2017 que 44 % des parents prêtent leur téléphone portable à leur enfant de moins de trois ans pour l’occuper, le consoler... Les enfants deviennent adeptes des écrans de plus en plus tôt : près d’un enfant de moins de trois ans sur deux (47 %) a utilisé un écran « nomade » la semaine précédant l’enquête et 35 % ont regardé un pro- gramme de télévision non adapté à leur âge, notamment le journal télévisé pour 61 % d’entre eux (1).
L’étude IPSOS/Junior connect 2017 souligne que les enfants passent en moyenne par semaine, sur internet :
- 4 heures 37 (contre 2 heures 10 en 2012) pour les 1-6 ans ;
- 6 heures 10 (contre 4 heures 50 en 2012) pour 7-12 ans ;
- 15 heures 11 (contre 12 heures 20 en 2012) pour les 13-19 ans (2).
L’impact sur les enfants
Même si les scientifiques n’ont pas suffisamment de recul pour connaître les effets à long terme d’une exposition précoce et excessive aux écrans dès le plus jeune âge, tous appellent à la plus grande prudence. L’utilisation abusive des écrans nuirait au bon développement des tout-petits, tout particulièrement avant trois ans (3).
- Plus un enfant passe de temps devant un écran durant une journée, moins il lui en restera pour jouer et interagir avec les autres.
- Le bruit de fond de la télévision laissée allumée alors que personne ne la regarde nuirait aux apprentissages de l’enfant.
- Les interactions qu’un enfant a avec son entourage et son environnement sont la meilleure source de stimulation pour lui.
- Une trop grande exposition aux écrans diminue le temps que les enfants passent à bouger au quotidien.
- L’utilisation des écrans se fait au détriment des activités physiques et du jeu libre.
- Passer plusieurs heures par jour en bas âge devant un écran serait lié à un risque accru de surpoids et d’obésité.
- La sédentarité et le manque d’activité physique pourraient nuire au développement des habiletés motrices comme marcher, courir, lancer, sauter, ramper, etc. Ces habiletés motrices sont indispensables au développement global de l’enfant.
Une trop grande exposition aux écrans en bas âge pourrait nuire :
- au développement du langage ;
- à la qualité du sommeil ;
- à l’attention ;
- au comportement (agressivité, passivité, estime de soi) ;
- à la réussite scolaire ;
- à la santé en général (fatigue, maux de tête, problèmes de posture, mauvaise alimentation, hypertension, diabète de type II, problèmes cardiovasculaires à long terme, etc.).
Les recommandations
Le tout-petit a besoin de découvrir toutes ses possibilités sensorielles et manuelles et de comprendre le monde qui l’entoure. Les écrans ne sont pas prioritaires pour son bon développement.
La Fondation pour l’enfance (4) donne des repères pour aborder les écrans avec des enfants de 0 à 3 ans :
- Si vous lisez une histoire numérique pour aider un bébé à dormir, diminuez la luminosité de votre tablette pour lui éviter toute source d’excitation.
- Sur écran, ou sur papier, sélectionnez une histoire adaptée à son âge, et lisez-la vous-même.
- Les écrans ne doivent pas être utilisés par le tout-petit plus de dix minutes par jour avant l’âge de trois ans, toujours à deux, avec un adulte, et de manière exceptionnelle.
L’Union nationale des associations familiales (UNAF) donne des conseils pour les jeunes enfants de 0 à 6 ans :
- Choisir les bonnes activités médiatiques de l’enfant.
- Ne pas utiliser les écrans comme une récompense.
- Ne pas lui donner tous les écrans dès le plus jeune âge. Pas de télévision avant trois ans ; la tablette entre 3 et 6 ans à condition que les applications soient adaptées aux jeunes enfants.
- Fixer à l’avance et annoncer aux enfants le temps d’écrans autorisé. Proposer des temps très courts d’accès aux écrans entre 3 et 6 ans, pour une durée maximale de vingt minutes. Au-delà, l’attention de l’enfant est perdue et on assiste à des phénomènes d’énervement.
- Éviter que les temps d’écrans se passent au même moment, afin d’éviter de créer des habitudes dont il sera très difficile de se défaire.
- Accompagner l’enfant devant les écrans entre 3 et 6 ans, choisir avec lui son programme, parler avec lui du contenu, observer ses réactions.
- Se rendre disponible et proposer d’autres activités aux enfants (jeux de société, activités manuelles, jeux en plein air...).
- Encourager l’enfant à jouer librement pour développer son imaginaire.
- Accompagner l’enfant pour qu’il appréhende les écrans de la manière la plus positive possible, discuter avec lui de ce qu’il a vu, ce qu’il a ressenti.
- Faire attention à la présence de plus grands dans la pièce. On a tendance à laisser des petits devant des programmes qui ne sont pas adaptés à leur âge (5).
Notes
(1) https://afpa.org
(2) https://www.ipsos.com/fr-fr/junior-connect-2017-les-jeunes-ont-toujours-une-vie-derriere-les-ecrans
(3) Source : https://www.naitreetgrandir.com, portail canadien.
(4) http://digital-baby.fondation-enfance.org
(5) https://www.dailymotion.com/video/x5asn1a
Pour aller plus loin
► Le site du Collectif surexposition écrans (COSE) : www.surexpositionecrans.org
► La page Facebook « Mon enfant et les écrans » de l’UNAF offre des conseils et permet de confronter ses pratiques parentales ou professionnelles.
► Le Guide « Enfants et écrans : reprenez la main ! », édité par l’UNAF avec le Groupe de pédiatrie générale (GPG), présente des conseils pratiques pour prendre conscience des habitudes familiales, réduire le temps passé devant les écrans et protéger les enfants des contenus inadaptés. Téléchargeable sur le site www.unaf.fr
► Les vidéos de la campagne de la Fondation pour l’enfance sur le site digital-baby.fondation-enfance.org
► Le site www.pedagojeux.fr apporte des clés de compréhension pour mieux appréhender l’univers du jeu vidéo.