Assistantes maternelles : des prévisions alarmantes pour la profession
Le rapport Les Métiers en 2030 vise à répondre à deux questions : quels métiers recruteront le plus au cours des dix prochaines années et une pénurie de main-d’œuvre dans certains métiers est-elle à craindre ?
Sans surprise, le métier d’assistante maternelle est classé parmi les quinze métiers aux plus forts « déséquilibres potentiels » : beaucoup de départs, peu d’entrants.
« Alors qu’ils ne figurent pas dans les métiers aux besoins de recrutement les plus élevés, trois métiers afficheraient des déséquilibres potentiels importants en raison d’un faible afflux de jeunes débutants : les employés de maison, les assistants maternels et les professions intermédiaires et administratives de la fonction publique » relève le document.
La profession figure parmi celles dont les taux de départ à la retraite seront les plus importants, dépassant 35 %, d’ici 2030.
Seconde partie de carrière
Le rapport observe également que le métier d’assistante maternelle, comme celui d’aide à domicile, est souvent choisi en seconde partie de carrière. « Leurs conditions de travail et de rémunération les rendent peu attractifs pour les jeunes débutant en emploi et les recruteurs potentiels préfèrent confier le soin de leurs enfants ou de leurs aînés à des personnes expérimentées » relève-t-il.
Pour les auteurs, les mobilités entre un ancien métier et le métier d’assistante maternelle pourraient limiter le manque de main-d’œuvre, mais « ne suffiraient pas à pourvoir tous les postes » si elles se poursuivent au même rythme que sur la période 2010-2015. Reprises d’activité de femmes ayant élevé leurs enfants, emplois occupés par des femmes immigrées arrivées récemment ou par des personnes éloignées de l’emploi constituent d’autres pistes de recrutement.
Travaux en cours
Toutes ces données ne constituent pas une nouveauté : depuis de longues années institutions et représentants de la profession alertent les pouvoirs publics sur cette décrue, et les chiffres de l’activité en provenance de l’Urssaf et de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) sont édifiants.
D’où la création fin 2021 d’un comité de filière petite enfance installé pour trois ans, dont les travaux ont débuté en janvier. Beaucoup d’acteurs estime ce travail beaucoup trop tardif, conjugué aux effets incertains de la longue crise sanitaire qui a essoré les professionnels de l’accueil à domicile et de l’accueil collectif. Les départs risquent-ils de s’accentuer alors que les rémunérations restent faibles, sans perspectives de prime ou d’augmentation durable, et que la question du reste-à-charge inéquitable entre modes d’accueil n’a toujours pas été réglée par le gouvernement ?
Un protocole
Hier, Brigitte Klinkert, ministre déléguée chargée de l’Insertion et Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles ont signé un protocole « Insertion dans l’emploi / Petite enfance ». Il vise, selon le communiqué, à renforcer l’accès aux modes d’accueil pour les personnes éloignées de l’emploi, et, en lien avec le comité de filière, à promouvoir les métiers de la petite enfance auprès des demandeurs d’emploi et des personnes en parcours d’insertion. Information sur les offres de formation et d’emploi liées à la petite enfance, orientation vers les formations diplômantes des métiers de la petite enfance, parcours de Validation des acquis d’expérience (VAE) figurent au programme.
Il faut espérer qu’une évaluation de cette initiative sera effectivement menée, car il est bien difficile aujourd’hui de mesurer le bilan de l’Edec petite enfance signé en 2015, et qui avait aussi pour but, entre autres, de « construire des parcours de carrière et permettre l’accès à la qualification ».