Crise sanitaire : les RAM débordés
« J’ai le portable greffé à l’oreille depuis plusieurs jours » raconte Céline*, animatrice d’un Relais d’assistantes maternelles (RAM) dans les Deux-Sèvres. Comme tous les autres relais sur le territoire, le sien est fermé à l’accueil depuis lundi, mais une permanence téléphonique est maintenue.
Et pour cause : alors que le maintien de l’accueil individuel à domicile a été décidé par le gouvernement, le département des Deux-Sèvres, comme d’autres, a donné des consignes plus restrictives. Désormais les assistantes maternelles du territoire ne peuvent accueillir que des enfants dont les parents exercent des fonctions indispensables à la gestion de la crise sanitaire « et/ou s’ils disposent d’un justificatif de déplacement professionnel ». Ce qui exclut tous les parents en télétravail.
Très nombreux appels
« Nous avons reçu énormément d’appels d’assistantes maternelles mais nous n’avons que très peu d’informations car le département est débordé, poursuit Céline. C’est en faisant une veille et en échangeant entre animatrices de RAM que nous apprenons les informations ! » Afin d’aller plus vite, le mail devient le moyen de communication le plus utilisé pour informer les assistantes maternelles et les parents.
Manque de civisme
« La plus grosse difficulté pour les assistantes maternelles, c’est d’affronter les parents qui insistent pour qu’elles accueillent leurs enfants alors qu’ils ne sont pas prioritaires. Elles entendent parfois : « si je vous paie vous devez le garder ». Certains font preuve d’un manque de civisme » relate-t-elle.
Les professionnelles ont besoin de soutien. « Elles ont besoin d’avoir au téléphone ou par mail quelqu’un qui les rassure et leur apporte la meilleure information possible » poursuit-elle.
Ce qui à l’heure actuelle n’est pas évident, voire impossible. « Est-ce que leur salaire sera maintenu ? Est-ce que je dois accueillir quand les parents télétravaillent ? Nous sommes assaillis de coups de fil mais nous n’avons pas les réponses » témoigne encore Audrey*, responsable d’un RAM dans le Nord.
Rémunération
Même constat dans l’Oise, l’un des premiers départements à avoir été touchés par l’épidémie. « Nous sommes tous sur le pied de guerre afin de répondre aux professionnelles et aux parents, décrit Cathy Luraud, responsable du RAM du Beauvaisis. A l’heure actuelle, la situation reste confuse pour l’accueil individuel, nous attendons les réponses officielles du département pour savoir si l’accueil doit être restreint ou non aux parents prioritaires ».
Avec ses collègues, Cathy Luraud multiplie les contacts auprès des services départementaux et de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte), afin d’obtenir des informations concernant la rémunération des professionnelles, l’autre grand sujet de préoccupation des assistantes maternelles et des parents. « Pour l’instant nous ne connaissons pas le détail du dispositif annoncé de chômage partiel, nous conseillons aux parents employeurs de maintenir la rémunération pour le mois de mars. Mais cela ne va pas durer... » poursuit-elle.
Des « éponges »
Dans les Deux-Sèvres, Céline souligne qu’elle doit parfois faire face « à la colère des gens », être « une éponge » absorbant les angoisses et qui doit s’efforcer d’être bienveillante. « Mais je reçois aussi beaucoup de messages très chaleureux d’assistantes maternelles qui me remercient de les tenir informés, cela prouve toute la confiance qu’elles peuvent avoir envers nous ».
*Le prénom a été modifié