Développement du langage : les bienfaits des modes d’accueil
Cet article, publié le 8 janvier dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France, repose sur les données de l’Etude longitudinale française depuis l’enfance (ELFE) qui suit une cohorte de plus de 18 000 enfants nés en 2011 en France métropolitaine. Il a pour but de « décrire le développement langagier et moteur des enfants à l’âge de 2 ans, avant leur entrée à l’école maternelle, selon le milieu socioéconomique de leurs parents ».
Il montre d’abord que les enfants dont la mère a un niveau de diplôme inférieur au BEPC connaissent quatre mots de moins que la moyenne des enfants, qui connaissent à cet âge 74 mots parmi une liste de 100 proposés à leurs parents. Les enfants dont la mère a un diplôme supérieur au niveau Bac+2 connaissent six mots de plus.
L’article montre que « les enfants gardés en crèche ou par une assistante maternelle ont acquis un vocabulaire plus riche que ceux gardés par les parents ou les grands-parents ». Ces enfants sont aussi majoritairement ceux issus des classes moyennes ou supérieures, car les familles défavorisées ont moins recours aux modes d’accueil. Ainsi, « le fait de fréquenter un mode garde extérieur tend à réduire les inégalités sociales de développement langagier ». Le contact des enfants avec des professionnels de la petite-enfance, au moyen d’activités éducatives adaptées, « pourraient être une source d’enrichissement du vocabulaire ».
Pour les auteurs, cette analyse qui confirme l’impact des inégalités socioéconomiques sur le développement du langage des très jeunes enfants n’est qu’un premier pas. Ils invitent à explorer toutes les pistes permettant de mieux cerner les causes de ces inégalités, notamment à « mesurer l’impact causal du mode garde de garde et le rôle des pratiques éducatives telles que la lecture parentale », inégalement pratiquée.
► Sébastien Grobon, Lidia Panico, Anne Solaz, Inégalités socioéconomiques dans le développement langagier et moteur des enfants à deux ans, Article, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, janvier 2019