Jeunes majeurs : audition et proposition de loi à l’Assemblée nationale
Pour comprendre les trajectoires de vie des jeunes majeurs au sein de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), il faut revoir la séance bouleversante, et constructive, qui s’est tenue hier à l’Assemblée nationale pendant 3h30. Huit jeunes majeurs, des jeunes femmes et des jeunes hommes, sont venus témoigner devant les députés membres de la mission d’information sur l’Aide sociale à l’enfance (ASE) créée le 5 mars.
Sonya Nour commence par un merci pour le fait de ne plus être « simplement des sujets parlés » mais aussi « maintenant des sujets parlants ». Elle raconte ensuite son histoire « très difficile », un placement trop tardif à l’âge de sept ans en raison d’une mère schizophrène et maltraitante, la séparation d’avec ses sœurs, les allers-retours entre chez elle et les structures, les violences institutionnelles et les éducateurs manquant de bienveillance, en tout le placement dans seize structures et huit familles d’accueil différentes. C’est un des exemples de ce que le système peut produire de pire.
De l’enfer des placements jusqu’à leur réussite, les témoignages révèlent le panel des situations vécues au sein de l’ASE. « Les professionnels sont aussi dans leur grande majorité, et malgré ce qu’on peut en dire dans les médias, des professionnels investis, consciencieux et engagés, qui tous les jours essaient de livrer des solutions et d’apporter du réconfort aux enfants » décrit Maëlle Bouvier, ancienne enfant placée, qui « plaide pour un débat dépassionné ».
Si l’émotion était palpable aussi du côté des membres de la mission, la députée Elsa Faucillon a conscience de l’enjeu : « surtout ne nous jugez pas sur nos larmes, mais sur les actes que nous produirons, c’est ça qui est important et qui comptera » lance-t-elle. Comment faire pour améliorer le système, ne plus abandonner un seul enfant en souffrance, l’accompagner sans ruptures, permettre aux professionnels d’exercer leur travail dans de bonnes conditions ? C’est à toutes ces questions que la mission d’information sera chargée d’amener des réponses.
Mardi 9 avril, une autre nouvelle très attendue par les jeunes majeurs a été annoncée : la proposition de loi de la députée Brigitte Bourguignon, adoptée en commission en juillet 2018, sera examinée en séance publique à l’Assemblée nationale le 6 mai prochain. Le texte vise notamment à rendre obligatoire l’accompagnement des jeunes majeurs jusqu’à 21 ans, avec possibilité de prolongation jusqu’à 25 ans. Une inscription réglementaire que les jeunes majeurs, ainsi que les représentants des assistants familiaux, appellent de leurs vœux pour mettre réellement fin aux sorties sèches de l’ASE sur l’ensemble du territoire.