Les MAM, dix ans après
En autorisant les assistantes maternelles à se regrouper pour travailler ensemble dans un local commun, la loi entérinait la pertinence d'un dispositif qui a bousculé le champ de l’accueil et permis aux professionnelles qui aspirent à rompre l’isolement de sortir de leur domicile.
Un peu d’histoire
Ce cadre légal a été impulsé par des assistantes maternelles du département de la Mayenne, soutenues par le président du conseil départemental et sénateur Jean Arthuis.
« A l’origine, j’avais repéré qu’il existait un regroupement de deux assistantes maternelles à Ecully (69), près d’une maison de retraite, raconte Maryvonne Papouin, co-fondatrice de l’ANRAMAM. A l’époque j’ai donné cette information en CDAJE où je siégeais. Mais quand nous avons voulu monter la première MAM, cela a été compliqué. Pour convaincre la PMI, j’ai trouvé un texte de loi disant qu’une femme mariée avait le droit d’avoir un domicile distinct de son conjoint ! Puis nous avons été suivis par Jean Arthuis et les MAM ont commencé à s’implanter un peu partout ».
Il faudra attendre la loi de 2010 pour obtenir un cadre légal et notamment la délégation d’accueil, l’un des piliers du fonctionnement d’une MAM.
Méfiance et méconnaissance
« Aujourd’hui nous estimons le nombre de MAM à 3000, car nous pensons que 600 à 700 MAM ne sont pas repérées, notamment toutes celles qui se créent sans association et n’ont pas droit aux aides de la Caisse des allocations familiales » poursuit Maryvonne Papouin.
Si le nombre de MAM ne cesse de croître, leur implantation reste inégale sur le territoire en raison de freins mis par certaines PMI. Car ce mode d’accueil qui se caractérise par une certaine souplesse, moins coûteux qu’un accueil collectif, a été regardé avec méfiance par de nombreux acteurs de la petite enfance. « Beaucoup partaient du principe que les assistantes maternelles étaient moins diplômées et n’avaient pas le droit de bénéficier des deniers publics pour créer une MAM » souligne Maryvonne Papouin.
Une méfiance et une méconnaissance qui font écho à l’actualité, alors que les MAM ont été fragilisées par la crise sanitaire, victimes de directives contradictoires, et bénéficient d’une aide exceptionnelle beaucoup moins élevée que les micro-crèches… sans justification claire. Une « politique à deux vitesses » dénoncée par l’ANRAMAM dans un courrier adressé à la secrétaire d’État Christelle Dubos qui se rend justement en Mayenne ce matin à l’occasion de l’anniversaire de la loi.
Tenir face au « business »
« Nous avons été perçues par certains comme de l’accueil « low cost » alors qu’aujourd’hui les pouvoirs publics autorisent et financent les micro-crèches, dont les promoteurs n’hésitent pas à parler de business, la pilule est donc un peu dure à avaler » estime Maryvonne Papouin.
« Il y a eu aussi les travaux de la loi ESSOC où nous avons eu le sentiment que certains voulaient nous éliminer du paysage de l’accueil de la petite enfance » rappelle Marie Legendre, présidente de l’ANRAMAM.
Pas de quoi toutefois entamer l’enthousiasme de ces professionnelles pour les MAM et leur essor. Mais elles préviennent : « un bon projet doit émaner d’abord des assistantes maternelles, pas des élus qui souhaitent ouvrir une MAM, et il ne faut pas faire cavalier seul dans son projet mais être accompagnées par une organisation professionnelle ».