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Les Ogres : lumière sur les maux de la petite enfance

Publié le 20/09/2024
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Les réactions à la parution du livre-enquête de Victor Castanet illustrent les difficultés d’un secteur en proie à des intérêts contraires et qui s’enfonce dans la crise.

Un puissant écho médiatique, de faibles réactions politiques, un silence gêné du comité de filière : la parution du livre-enquête de Victor Castanet (Les Ogres, Flammarion) met en lumière de manière saisissante l’état du secteur de la petite enfance.

D’un côté, la militance des acteurs de première ligne, fidèles au poste : dans leur communiqué du 18 septembre, le collectif Pas de bébés à la consigne et l’Ufnafaam dénoncent une fois de plus les dérives de la marchandisation du secteur : « le bien-être des enfants et des professionnel.les est sacrifié pour maximiser les profits ». 

Silence à droite

L’Unicef France fait également part de sa « vive préoccupation » et pointe les « graves défaillances dans l’accueil des jeunes enfants » mises en lumière par le livre. L’organisation appelle donc le futur gouvernement à faire de l’enfance une priorité nationale en nommant un ministre de l’Enfance dédiée, une vieille demande du secteur.

Mais l’absence de réaction à droite après la publication du livre a de quoi préoccuper les militants du secteur, à l’aube de la formation d’un gouvernement qui prendra cette couleur politique. Car seuls LFI et le Parti socialiste se sont fendus d’un communiqué, appelant à faire cesser des dérives largement documentées depuis trois ans. 
 

Le CFPE en difficulté

Comment interpréter enfin le silence du comité de filière de la petite enfance, qui n’a pas réussi à se positionner sur une résolution mercredi soir (ce qui ne devrait plus tarder) ? Peut-être simplement est-il difficile de s’accorder quand certains de ses membres représentent justement le secteur des crèches privées, dont les dérives sont mises en cause par l’ouvrage. Au risque de perdre totalement la confiance des professionnels du secteur, premières victimes, avec les enfants, d’un système défaillant et mal piloté.