Pas de lingettes contenant du phénoxyéthanol pour les moins de trois ans
Depuis le 20 décembre, l’étiquetage des lingettes contenant du phénoxyéthanol, un conservateur soupçonné d’effets toxiques sur la reproduction et le développement, devra indiquer qu’elles ne doivent pas être utilisées sur les fesses des enfants de trois ans ou moins.
Tous les produits « non rincés » visés
La date d’entrée en vigueur de cette obligation découle d’une décision de police sanitaire de l’Agence nationale du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) du 13 mars 2019. Elle concerne les produits cosmétiques (crèmes, laits et lotions) « non rincés », c’est-à-dire qu’on applique sans les enlever ou les rincer à l’eau, contenant cet agent potentiellement nocif. Et notamment toutes les lingettes, y compris celles vendues pour adultes.
Confirmation d’un avis controversé de 2012
Cette décision de mars 2019 confirmait elle-même un précédent avis de l’Agence, en date de 2012, dans lequel celle-ci recommandait de ne pas utiliser de phénoxyéthanol dans les cosmétiques destinés au siège des bébés, comme les lingettes, et de se cantonner à un dosage de 0,4 % maximum dans les autres cosmétiques pour les moins de trois ans. Un avis contrecarré, en 2016, par le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (SCCS), selon lequel ce conservateur, utilisé à 1 % dans les produits cosmétiques était sûr pour la santé, quel que soit le groupe d’âge.
Néanmoins, suite à de nouvelles investigations de l’ANSM, les experts ont finalement conclu à la nécessité du maintien de la recommandation de 2012 pour la non-utilisation du phénoxyéthanol dans les produits cosmétiques destinés au siège et à son élargissement aux lingettes. La concentration maximale de phénoxyéthanol pouvant rester à 1 % dans tous les autres produits cosmétiques destinés aux enfants de trois ans ou moins.
Risque élevé de passage dans l’organisme des bébés
Il s’agit d’éviter la trop fréquente utilisation de toutes sortes de lingettes, destinées ou non aux enfants, pour nettoyer les fesses des tout-petits. Une pratique dont 64 % des utilisateurs reconnaissent être coutumiers. Or, selon l’agence sanitaire, le siège des tout-petits est « particulièrement sensible », le risque fréquent d’érythème fessier favorisant le passage du phénoxyéthanol dans l’organisme.
Une mesure contestée par les fabricants
Une décision prise en application du principe de précaution, dans l’attente d’une décision de la Commission européenne. Selon l’ANSM, des études toxicologiques suggèrent une toxicité du phénoxyéthanol pour la reproduction et le développement à fortes doses chez l’animal, sans, toutefois, que de tels effets aient été rapportés chez l’homme. La mesure fait actuellement l’objet d’une requête en annulation devant le Conseil d’Etat par la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA).
Encore des progrès à faire
Cette obligation semble pourtant bienvenue, si l’on considère la liste des cosmétiques pour bébé contenant du phénoxyéthanol dressée en février 2017 par l’UFC-Que Choisir. Selon l’association, on continuait à en trouver dans la crème pour le change Mixa bébé ou dans les cold cream Avène et Klorane bébé. « Nous pouvons en outre déplorer que les produits continuent à utiliser des mentions faussement rassurantes, telles que " hypoallergénique" ou " sans parabènes " », commentait l’association. Si quelques améliorations se font jour, les fabricants ne se précipitent pas pour modifier leurs formules. En témoigne la liste (non exhaustive) de produits bébé sans rinçage contenant toujours du phénoxyéthanol publiée le 22 mars 2019 par le magazine 60 millions de consommateurs. Des produits de toilette Nivea baby et des lingettes Lupilu (Lidl) et Mixa bébé étaient pointés du doigt.