Protection de l’enfance : nouveau documentaire, nouvelles annonces
C’est ainsi que les choses bougent : pas sous la répétition de manifestations et grèves de professionnels, pas à la lecture de nombreux rapports qui relèvent tous les mêmes constats, pas même après le meurtre d’un enfant par un autre dans un hôtel, mais par la diffusion en prime time d’un documentaire pointant les défaillances de la protection de l’enfance.
Certains le déplorent, beaucoup regrettent le registre émotionnel utilisé, mais c’est un fait, irréfutable : c’est bien la diffusion d’un premier documentaire du même réalisateur qui a engendré la création d’un poste de secrétaire d’État à l’Enfance dans ce gouvernement, puis le développement de sa stratégie pour l’enfance. Et c’est la perspective de la diffusion du deuxième, s’arrêtant sur le scandale indiscutable de l’hébergement d’enfants à l’hôtel, qui a entraîné la principale annonce d’Adrien Taquet hier soir : l’interdiction dans la loi de tout hébergement de mineurs suivis par l’Aide sociale à l’enfance (ASE).
Une annonce majeure, certes, mais qui ne dit rien du reste : où seront logés ces enfants à l’avenir ? Quels moyens seront donnés aux départements pour réorganiser l’offre d’hébergement et l’accompagnement ? Sans réponses effectives, les germes de nouveaux scandales sont là… et d’un troisième documentaire.
Zoom sur une assistante familiale
Dans cette enquête, la part belle est faite aux assistants familiaux. Elle commence avec Miriame Vignes, qui retrouve dans une immense émotion l’assistante familiale qui l’a élevée quelques mois après sa naissance et jusqu’à ses sept ans. Après des années d’errance et de souffrance dans la rue, elle vient lui dire « merci de nous avoir aimés comme tes enfants (…) on aurait mal fini sinon ».
Combien d’assistants familiaux seront là pour accueillir ces enfants demain ? C’est tout l’enjeu des travaux en cours sur la refonte du statut. S’ils accouchent d’une souris, si le métier ne devient pas attractif pour les jeunes générations, alors le pari sera raté, et le coût, pour les enfants comme pour l’État, sera lourd. Pour l’heure, le gouvernement communique surtout sur la création d’un fichier national des agréments des assistants familiaux pour mieux contrôler la profession.
Autres annonces
Parmi les autres annonces hier d’Adrien Taquet : la préparation d’un texte de loi dans lequel, outre l’interdiction de l’hébergement à l’hôtel, avec obligation de contrôle annuel par les préfets, figureront des normes et des taux d’encadrement pour les lieux d’accueils.
Enfin, dernière annonce : tous les jeunes majeurs à leurs 18 ans devront se voir proposer un parcours vers l’emploi ou une formation, dans le cadre d’une mission locale, et une allocation de 500 euros par mois pour leur insertion.
► « Enfants placés, que fait la République ? », Sylvain Louvet, Pièces à conviction.