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Protection de l’enfance : un appel pour un grand ministère plutôt qu’un haut-commissariat

Protection de l’enfance : un appel pour un grand ministère plutôt qu’un haut-commissariat
Publié le 11/02/2025
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Dans une tribune, 100 organisations du champ de l’enfance demandent la création d’un grand ministère de l’enfance, alors que les missions du futur haut-commissaire à l’enfance ont été précisées aujourd’hui par décret.

Alors que le champ de l’enfance avait totalement disparu des intitulés ministériels, à la faveur d’un énième changement de gouvernement en fin d’année, le président Emmanuel Macron avait annoncé le 28 décembre la création d’un haut-commissariat à l’enfance, face à la consternation et l’inquiétude des acteurs du secteur.

Cette annonce les avait laissé majoritairement sceptiques, comme le rappellent une centaine d’organisations aujourd’hui dans Le Monde, car elle « n’offre pas de garantie équivalente à celle d’un ministère dédié, que ce soit en matière de prérogatives gouvernementales ou dans les moyens humains et financiers pour mener des politiques ambitieuses » écrivent-elles.
 

« Sombre réalité »

Les organisations décrivent, trois ans après la dernière grande loi réformant la protection de l’enfance, dite loi Taquet, une « sombre réalité », face à laquelle « la réponse publique n’est pas à la hauteur ».

« Les services publics de l’enfance se détériorent dangereusement : la protection de l’enfance connaît une crise inédite, l’offre de soins et de prévention décline, la justice pénale des mineurs poursuit son tournant répressif, les logiques de rentabilité contaminent progressivement l’accueil des jeunes enfants, l’accès à l’hébergement et au logement est entravé. En outre, la précarisation et la pénurie de professionnels affectent l’ensemble des secteurs de l’enfance, y compris l’enseignement » poursuivent-elles.

Grand ministère et convention citoyenne

Leur demande, qui n’est pas nouvelle : « l’avènement d’un grand ministère de l’enfance de plein exercice, chef d’orchestre d’une stratégie globale interministérielle et décloisonnée, assurant un continuum entre Hexagone et outre-mer ». Elles demandent également au gouvernement de lancer « une convention citoyenne en faveur de l’enfance et des générations futures », afin de lancer susciter un « élan collectif » de la société.
 

Protection de l’enfance et modes d’accueil

Qu’en pensera le ou la futur(e) haut-commissaire ? Il s’agirait bien de Sarah El Haïry, selon le journal La Croix. Le nom de l’éphémère ministre déléguée à l’enfance en 2024 et proche du premier ministre François Bayrou est évoqué depuis plusieurs semaines. La création de la fonction a été entérinée par décret aujourd’hui et ses missions précisées :

→ organiser la concertation entre les principaux acteurs concernés par la politique de l'enfance ;
→ coordonner les travaux au niveau interministériel ;
→ proposer des orientations « permettant notamment de lutter contre les violences faites aux enfants, de renforcer l'action de l'Etat en faveur des enfants vulnérables et protégés, d'améliorer l'accueil des jeunes enfants, de promouvoir le bien-être et la santé des enfants, de les protéger dans le champ du numérique et de lutter contre les inégalités de santé » ;
→ assurer le suivi de la mise en œuvre et l'évaluation des politiques.