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Bug Pajemploi : les familles veulent des réponses rapides

Bug Pajemploi
Publié le 15/11/2019
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Le collectif Familles en lutte demande un règlement personnalisé de chaque dossier en souffrance d’ici au 21 novembre.

Le silence devient assourdissant. Alors que les médias grand public ont fait état ce week-end des dysfonctionnements persistants du centre Pajemploi, qui engendre des préjudices financiers pour des milliers de familles, le collectif Familles en lutte déplore n’avoir « toujours aucune réponse ».
 

Dysfonctionnements persistants

« Certes, certaines CAF accordent des avances, mais sans qu’on en connaisse clairement les critères d’attribution et ces avances sont réclamées un mois, deux mois après sans que le problème ait été résolu, pointe le collectif. Des dossiers sont régularisés, d’autres bugs apparaissent. La situation est intenable, et concerne des milliers de dossiers, des dizaines de milliers de dossiers ? L’administration est incapable de les comptabiliser ».

Le collectif envoie donc aujourd’hui un listing de 90 familles impactées à Pajemploi, la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), la caisse nationale du réseau des Urssaf (Acoss) et au gouvernement. Il demande « un retour individuel et personnalisé sur chaque dossier avant le jeudi 21 novembre inclus et une régularisation sous 15 jours afin de passer des fêtes de fin d’année sereines ».
 

Multiples alertes

L’absence de communication sur les dysfonctionnements interroge – le centre national Pajemploi ne répond pas davantage aux sollicitations de L’assmat. D’autant que le collectif Familles en lutte a réussi à pousser la Fédération des particuliers employeurs de France (FEPEM), silencieuse jusqu’à présent, à relayer « l’inquiétude des familles ». La fédération indique avoir alerté « les pouvoirs publics concernés des lourdes conséquences que l’absence du versement de cette aide peut représenter pour les familles – difficultés importantes de trésorerie, possible rupture de contrats de travail ».

Autre soutien du collectif, celui des salariés du centre national Pajemploi, qui sous la houlette du syndicat CGT des organismes sociaux de Haute-Loire – département où se situe le centre Pajemploi –, débrayent chaque mois depuis juillet pour demander des moyens supplémentaires face aux dysfonctionnements.
 

Numéro surtaxé

« Nous demandons un renfort en moyens humains et techniques, surtout informatiques, ainsi qu’une cellule de crise nous permettant d’effectuer des appels sortants vers les familles en détresse», décrit Céline Lioutaud, secrétaire de la CGT Organismes sociaux 43. Car, comble de la situation pour des familles déjà endettées, le numéro permettant de joindre Pajemploi est surtaxé. Or les agents surchargés mettent souvent du temps à répondre et les familles ne tombent pas sur le même à chaque fois. « Nous demandons à pouvoir rappeler les familles, dossier par dossier, poursuit-elle. Il faut bien comprendre que certaines sont en situation d’urgence sociale, ce n’est plus du simple recouvrement ».

 

Des informations sur les anomalies

Céline Lioutaud délivre également quelques informations sur les dysfonctionnements, dans le cadre d’une réforme qui selon elle s’annonçait positive pour les parents car censée faciliter leurs démarches. « Lors de la réforme en mai, nous avions passé des tests qui fonctionnaient. Il y avait bien quelques dysfonctionnements, mais pas de cette ampleur là. Pour préparer la réforme, nos serveurs ont été bloqués pendant trois semaines. Quand ils ont redémarré, tout n’a pas fonctionné. Mais on ne le savait pas tant que les parents employeurs ne nous alertaient pas ».

Quand le syndicat a alerté la direction, celle-ci s’est montrée « à l’écoute », procédant au recrutement d’une trentaine d’agents en CDD pour renforcer les 140 salariés du centre Pajemploi. Mais cela n’a pas réglé pas l’origine des difficultés. « Les dossiers que nous avons en main ne comportent que les informations sur les droits du parent employeur. Ce qui se passe avant, à la Caisse d’allocation familiales (CAF), nous ne le savons pas. La réforme n’a pas prévu l’accès à l’information des données de la CAF. Donc parfois quand nous réglons des anomalies, cela peut en entraîner d’autres. Et un dossier régularisé à l’instant T ne signifie pas qu’il l’est sur la durée ».
 

Un cercle vicieux

D’où selon Céline Lioutaud l’incapacité de Pajemploi à délivrer des chiffres précis sur le nombre de familles impactées. « Des échanges entre la CNAF et l’Acoss ont été engagés et nous espérons qu’ils aboutiront à la résolution des anomalies, car mettre en place une commission d’urgence sociale n’est pas une réponse viable. Aujourd’hui non seulement des familles sont des situations dramatiques, mais cela génère aussi des conflits avec leurs salariés. C’est un cercle vicieux » termine-t-elle.