Le hoquet, outil de développement du cerveau du bébé
Le hoquet est un phénomène extrêmement fréquent chez les bébés, qui peut durer de longues minutes. Il débute aussi très tôt : à 9 semaines de gestation. Et les bébés prématurés passent 1 % de leur temps (soit quelque 15 minutes par jour) à se livrer à ce mouvement involontaire du diaphragme, souvent considéré comme gênant car associé à des problèmes digestifs ou au reflux gastrique. Or, une équipe de chercheurs de l’« University College » de Londres, dans une étude publiée mi-novembre dans la prestigieuse revue « Clinical Neurophysiology », vient de mettre à jour que le hoquet revêt en réalité une fonction réellement importante et bénéfique pour le développement du cerveau du tout-petit.
Electroencéphalogramme et capteurs de mouvements
Les neuroscientifiques britanniques ont suivi le cas de treize nouveau-nés (prématurés ou nés à terme) souffrant de hoquet au sein d’un service de néonatologie. L’âge de gestation choisi a été de 30 à 42 semaines, afin de s’assurer d’un développement typique du dernier trimestre de la grossesse.
L’activité cérébrale des bébés a été enregistrée via un électroencéphalogramme (EEG). Parallèlement, des capteurs de mouvements placés sur le torse fournissaient un enregistrement des hoquets. Les scientifiques ont ainsi découvert que les contractions du muscle du diaphragme qui surviennent lors d’un hoquet provoquent une réponse dans le cortex cérébral : deux grandes ondes cérébrales suivies d’une troisième. A savoir que ces contractions font soudainement affluer une grande quantité d’informations au cerveau, ce qui aide les cellules cérébrales à se connecter entre elles. La troisième grande onde cérébrale provoquée est similaire à celle ayant lieu lorsque le bébé entend un bruit. Ils en ont déduit que le cerveau du nouveau-né serait alors en mesure de relier le son de son hoquet à la sensation du muscle diaphragmatique.
Outil précieux pour traiter les informations sensorielles
En clair, le hoquet serait pour le nouveau-né un outil précieux pour traiter les informations sensorielles et développer des connexions cérébrales. « L’activité résultant d’un hoquet peut aider le cerveau du bébé à apprendre à surveiller les muscles respiratoires, de sorte que la respiration puisse éventuellement être contrôlée de manière volontaire en déplaçant le diaphragme de haut en bas », détaille le docteur Lorenzo Fabrizi, l’un des auteurs. « Lorsque nous naissons, les circuits qui traitent les sensations corporelles ne sont pas complètement développés, de sorte que la mise en place de tels réseaux est une étape cruciale du développement du nouveau-né », ajoute-t-il.
Cette étude pose également l’hypothèse de la signification du hoquet à l’âge adulte. Bien que la cause du phénomène demeure inconnue, les scientifiques estiment que ce qui semble être principalement une nuisance causée par le stress, l’excitation ou l’alimentation, pourrait être un réflexe hérité de l’enfance, quand il remplissait une fonction de poids pour le développement.