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Enfance : en retard, la France remet son rapport à l’ONU

Enfance : en retard, la France remet son rapport à l’ONU
Publié le 25/07/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Ce document dont la publication été repoussée par la France dresse la liste des mesures mises en place depuis janvier 2016, date du dernier rapport du Comité des droits de l’enfant sur la France.

C’est un exercice très codifié visant à répondre à une cinquantaine de questions et ainsi montrer comment la France a mis en œuvre les dernières recommandations de l’Organisation des Nations Unies sur les droits de l’enfant. Ce document publié notamment le Groupe Enfance compile de nombreuses données et toutes les statistiques connues sur l’enfance.
 

Vide ministériel

Evidemment, il s’agit pour la France de se montrer bonne élève. Ce qu’elle n’est pas, d’abord en rendant son rapport le 13 juillet, soit avec plusieurs mois de retard (le délai était fixé au 30 octobre 2021). Etait-ce pour inclure dans le document le rapatriement début juillet de 35 enfants de djihadistes en Syrie, un des points sur lequel la France était dans le viseur de l’ONU ?

Dès l’introduction, l’État français avoue en creux son retard à l’allumage : entre 2017 et 2019, depuis l’élection d’Emmanuel Macron jusqu’à la nomination d’un secrétaire d’État défié à l’enfance et aux familles, c’était le grand vide.

Il a fallu attendre un documentaire télévisé montrant des violences envers les enfants placés dans plusieurs lieux d’accueil de la protection de l’enfance pour que le champ de l’enfance obtienne un portefeuille ministériel.

Bilan du quinquennat

Le rapport égraine donc les nombreuses stratégies et autres lois pour l’enfance qui ont émaillé le quinquennat 2017-2022.

Elle précise que 8 milliards d’euros sont investis annuellement pour la protection de l’enfance et revient sur les nouveautés introduites par la loi du 7 février 2022 qui « sécurise les familles d’accueil qui accompagnent plus de la moitié des enfants de l’Aide social à l’enfance » notamment via la garantie de rémunération minimale pour l’accueil d’un enfant.

L’introduction d’un contrôle renforcé des assistants familiaux via la création d’un fichier national des agréments est également rappelé.
 

Des promesses aux actes ?

Le document se termine, comme l’ONU le demande, par l’enfance en chiffres : 75 800 mesures de placement en famille d’accueil prises en 2018, un taux de pauvreté de 20 % des enfants de moins de 18 ans, 251 483 enfants de 16 à 18 ans non scolarisés en 2018/2019, ou encore 804 mineurs écroués au 1er janvier 2020.

Depuis sa nomination, Charlotte Caubel, secrétaire d’État à l’enfance, multiplie les déclarations visant à montrer que ce nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron sera celui qui fera reculer toute forme de violences contre les enfants. Mais comme toujours, au-delà des promesses, l’ONU attendra les preuves.