Plan de lutte contre les violences aux enfants : la protection de l’enfance attendra
Comme chaque année, la Journée internationale des droits de l’enfant donne lieu à une série de rapports, d’événements et d’annonces gouvernementales autour de l’enfance. En ce mois de novembre 2023, ces dernières étaient particulièrement attendues par l’ensemble du champ de la protection de l’enfance, des anciens placés jusqu’aux professionnels.
Crise inédite
Ainsi jeudi, lors d’une conférence de presse, plusieurs acteurs institutionnels et associatifs avaient plaidé pour un « Plan Marshall » de la protection de l’enfance, face à la « crise inédite » qui touche le secteur. Ils faisaient part du « besoin de mesures immédiates pour faire face à l’urgence, mais aussi de réponses structurelles pour pérenniser et sécuriser les dispositifs de protection des enfants ».
Face à de tels besoins, difficile de voir dans les 22 actions du plan 2023-2027 de lutte contre les violences faites aux enfants présenté hier par la première ministre Élisabeth Borne, lors du Conseil interministériel de l’enfance, les réponses attendues par le secteur.
Scolarité, santé, jeunes majeurs
L’un des axes du plan concerne le renforcement des moyens pour les professionnels « qui protègent les enfants ». Sont annoncés notamment le financement de 12 écoutants supplémentaires au 119 d’ici la fin 2024 et de 14 écoutants supplémentaires pour le 3018 (violences numériques) d’ici la fin 2025. Les autres mesures concernent l’office des mineurs, le dispositif Signal-Sports, l’accompagnement des familles hébergées à l’hôtel, et la création de délégués départementaux à la protection de l’enfant dans les dix territoires expérimentant un comité départemental pour la protection de l’enfance.
Les autres axes concernent le renforcement de la prise en charge des enfants victimes de violence - dont le déploiement des unités pédiatriques pour l’enfance en danger -, la sensibilisation - campagne de communication annuelle sur les violences faites aux enfants, kits de formation adaptables pour les professionnels de la petite enfance et de la protection de l’enfance.
Rien sur l’attractivité
Élisabeth Borne a également annoncé plusieurs mesures visant à soutenir la scolarité et la santé des enfants protégés. Enfin, la création d’un « pack autonomie jeunes majeurs », composé notamment de 1500 euros versés automatiquement à la majorité et d’une cérémonie annuelle pour les jeunes majeurs ayant eu 18 ans, a été présentée.
Mais le plan fait l’impasse sur les mesures visant à renforcer l’attractivité du secteur, à soutenir les professionnels, dont les assistants familiaux. Or, avec le renforcement des moyens financiers, c’est l’un des principaux besoins exprimés. Car, alors que le gouvernement encourage les appels au 119 pour dénoncer l’enfance maltraitée, qui pour accueillir les enfants faisant l’objet d’informations préoccupantes ? Pour le secteur, le gouvernement renvoie à fin 2023 ou début 2024 dans le cadre de la coopération avec les départements.
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