Formation professionnelle : les assistantes maternelles victimes des déboires de la FEPEM
Jusqu’à quand la Fepem, qui traverse une crise interne majeure, et dont la gestion via son organisme Iperia de la manne financière de la formation professionnelle des salariés du particulier employeur interroge, va donner le « la » des décisions du secteur ?
Un marché rentable
Pour rappel, comme L’assmat le révélait en juillet dernier, l’accès à la formation professionnelle des assistantes maternelles, dans le cadre du plan de développement de compétences, a été gelée pour la deuxième année consécutive. Officiellement, la cause de ces coups d’arrêts hautement préjudiciables pour des professionnelles de la petite enfance que les autorités exhortent à se former davantage, est justement l’engouement pour la formation. Trop de départs, pas assez d’argent, selon les acteurs de la branche.
Mais la lecture de l’enquête publiée par Mediapart le 6 aout, révélant les profits exponentiels générés ces dernières années par la formation professionnelle des employés du domicile, a de quoi laisser songeur. Selon le media d’investigation, au moins deux signalements ont été transmis à la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), une personne s’est vue accorder le statut de lanceur d’alerte, et un rapport de la Cour des comptes sur la Fepem devrait être remis cet automne.
Blocage de la Fepem
Mais quid de l’urgence pour les assistantes maternelles, c’est-à-dire de la réouverture de l’accès aux formations « Sauveteur Secouriste au Travail » (STT) demandée par les syndicats, et qui devait faire l’objet d’une séance de la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNEFP) le 12 septembre ?
« Nous avons reçu un mail le 20 aout de la présidente statutaire de la Fepem [ndlr : Julie L’Hotel Delhoume] nous indiquant que la CPNEFP du 12 septembre était annulée, comme toutes les commissions nationales prévues en septembre, et reportées à une date ultérieure » indique Véronique Delaitre, secrétaire générale FGTA-FO Emplois de la famille et présidente de la CPNEFP.
La Fepem indique ainsi qu’elle souhaite attendre son prochain « conseil des présidents », le 25 septembre, pour reprendre les travaux paritaires. « La Fepem fait fi du paritarisme et impose, poursuit Véronique Delaitre. Nous aussi nous avons eu des restructurations dans nos organisations, et ce n’est pas pour autant qu’on a tout stoppé. Je vais appeler notre avocat pour savoir si, en tant que présidente de la CPNEFP, je peux la maintenir. Si oui, je la maintiens. Comment peut-on négliger ainsi les organisations syndicales et les salariés du secteur » ?
Le paritarisme en question
La Fepem confirme à L’assmat sa volonté de reporter cette commission, souhaitant attendre son prochain « conseil des présidents » le 25 septembre, qui permettra selon elle « d'assurer des conditions optimales de reprise de notre travail paritaire en CPNEFP et dans toutes les instances paritaires ».
« La Fepem fait fi du paritarisme et impose, poursuit Véronique Delaitre. Nous aussi nous avons eu des restructurations dans nos organisations, et ce n’est pas pour autant qu’on a tout stoppé. Je vais appeler notre avocat pour savoir si, en tant que présidente de la CPNEFP, je peux la maintenir. Si oui, je la maintiens. Comment peut-on négliger ainsi les organisations syndicales et les salariés du secteur » ?
« Aucun déni de paritarisme ne saurait être envisagé et encore moins caractérisé ce, d'autant plus que des CPNEFP se tiennent régulièrement et a minima une fois par trimestre, la dernière ayant eu lieu en juillet 2024 » réagit la Fepem.
Enjeu des élections
Selon Véronique Delaitre, une intersyndicale va se réunir demain pour acter une réaction. Car les organisations syndicales, échaudées par les révélations successives dans la presse sur l’unique organisation patronale du secteur, ont bien conscience que le sujet va s’imposer dans les prochaines élections syndicales de représentativité de novembre/décembre. Et que la confiance des assistantes maternelles est désormais au plus bas.
L’harmonie, pour le moins originale, qui semblait régner jusqu’ici entre patronat et syndicats dans la branche, semble bien commencer à se fissurer.
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Les syndicats en action
Dans le milieu professionnel, se regrouper au sein d’un syndicat permet aux salariés de mieux défendre leurs intérêts matériels, moraux, collectifs et individuels. Disposant de moyens d’action spécifiques reconnus par le code du travail, les syndicats ont une place fondamentale dans la défense et l’amélioration des conditions de travail des assistantes maternelles et des assistantes familiales. Ils veillent à l’application du droit du travail, en les informant et en les défendant individuellement ou par des actions collectives. Représentants privilégiés des salariés, ils jouent surtout un rôle central dans la négociation des accords – locaux ou collectifs – avec les employeurs et permettent aux professionnels de faire entendre leur point de vue sur les projets de réformes envisagées par le Gouvernement. Ce dossier fait le point sur la place de l’action syndicale et les règles qui l’entourent.