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Assistantes maternelles : un dossier prioritaire pour Agnès Canayer ?

Publié le 24/09/2024
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Parmi les chantiers sur la table de la nouvelle ministre de la petite enfance : la lutte contre le déclin des assistantes maternelles et leur place au sein du SPPE.

Cet été, dans l’indifférence générale, un chiffre est tombé : - 6,7 %. Il s’agit du nombre d’assistantes maternelles agréées en moins en 2022 par rapport à 2021, soit une perte de 22 2000 professionnelles. Elles sont désormais 309400, contre 331600 en 2021 et 370 130 en 2019.

Des déclarations, pas d’actes

Si cette érosion massive suscite beaucoup de déclarations d’intention, les actes ne suivent pas : un an après l’annonce du plan de soutien à l’accueil individuel par la ministre des solidarités Aurore Bergé, quel bilan ? Nul, ou presque. Pour preuve : sa successeure Sarah El Haïry a demandé un juin dernier rapport à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur l’attractivité de la profession… Un énième rapport, encore des mois d’attente, et pour quel diagnostic ? Et in fine quelles décisions politiques ?

Cmg pour tous en 2025

Seule mesure d’envergure qui verra le jour en 2025 : le Complément de mode de garde (Cmg) « pour tous » visant à faire baisser le reste-à-charge des familles modestes, ainsi que l’extension du bénéfice du Cmg jusqu’à l’âge de 12 ans pour les familles monoparentales.

Tout pour les crèches ?

Aussi les organisations représentatives des assistantes maternelles s’impatientent. Dans une lettre ouverte publiée hier, l’Ufnafaam demande à Agnès Canayer, ministre de la famille et de la petite enfance, si elles auront une place dans le futur Service public de la petite enfance dès janvier 2025. 

« Dans les différents colloques, conférences journées organisées ou groupes de travail, 80 % du dialogue se situe autour des crèches. La conscience collective n’est certainement pas préparée à l’intégration des assistantes maternelles au sein de ce SPPE. Selon nous, il est plutôt attendu de ces professionnelles qu’elles accueillent les enfants que les crèches ne veulent pas » écrit l’Ufnafaam.

Mépris de classe

Invisibilisation, « mépris de classe », dévalorisation : les professionnelles « deviendront finalement visibles et considérées lorsque, dans sept ans, leur présence aura tellement diminué que l’on sera réduit à devoir trouver de nouvelles solutions pur les remplacer » poursuit la fédération.

Banc de touche

Le collectif national d’assistants maternels en crèche familiale (Cnamcf) interroge aussi la ministre, dans un communiqué publié dimanche, sur la situation de ces structures en perdition : « laissées sur le banc de touche depuis de nombreuses années, quelle place leur sera accordée par le gouvernement et les collectivités territoriales au sein du futur SPPE » ?

Nombreux chantiers

Les chantiers sont donc nombreux et certains demandent une attention particulière : les dérives du secteur privé lucratif certes, mais aussi le gel de la formation professionnelle des assistantes maternelles, les tensions entre les services de Protection maternelle et infantile (PMI) et les professionnelles, les impayés de salaire, la place des assistantes maternelles dans le SPPE… 

Quelle feuille de route ?

Quelles seront les priorités d’Agnès Canayer ? Il faut s’attendre à ce que la nouvelle ministre fasse comme ses prédécesseurs, dans les jours ou les semaines qui viennent : présenter de manière consensuelle sa feuille de route devant le comité de filière de la petite enfance (CFPE) pour s’adresser à l’ensemble des acteurs. Sa présidente Elisabeth Laithier lui a déjà fait savoir qu’elle se tenait à sa disposition.