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Alerte sur le manque de recherches scientifiques sur l’accueil individuel

Alerte sur le manque de recherches scientifiques sur l’accueil individuel
Publié le 13/02/2023
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Dans un courrier adressé au ministre des Solidarités, l’Ufnafaam dénonce l’invisibilité de l’accueil individuel, dans « l’angle mort » de la recherche scientifique.

Il y a d’abord les approximations des think tank comme Terra Nova, qui fait toujours l’impasse sur l’accueil individuel. S’il n’a rien d’officiellement scientifique, les « experts de haut niveau » qui le composent ont une portée politique et médiatique, produisant notamment des notes à destination des candidats à l’élection présidentielle. La dernière en date est un modèle du genre, dont L’assmat a plusieurs fois analysé le parti pris assumé.

Grand vide

Mais surtout, il y a le grand vide : très peu d’études sont actuellement disponibles en France sur l’apport de l’accueil individuel sur le développement des enfants, qui constitue, au fond, l’un des deux enjeux essentiels de l’accueil… l’autre consistant à permettre aux parents, en premier lieu aux femmes, de pouvoir travailler. Une seule étude avait par ailleurs interrogé, en 2017, les ressorts de la préférence des parents pour la crèche, préférence largement mis en avant médiatiquement… mais qui renvoie surtout à un mépris de classe de la part des catégories supérieures.

Dans ce contexte, les publications à venir de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) pour l’année 2023 ont fait réagir l’Ufnafaam, qui s’interroge dans un courrier adressé au ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe sur l’absence « d’intérêt » scientifique sur l’accueil individuel. Si une étude à venir s’intéresse bien aux assistantes maternelles, elle le fera sous l’angle des conditions de travail et d’emploi, « non sur des sujets tels que le langage, les émotions, l’éveil du jeune enfant dans ce mode d’accueil » regrette la fédération. Ces sujets feront pourtant l’objet de deux études concernant l’accueil collectif qui seront publiés en 2023.
 

Effet de domino

« Cette invisibilité peut produire des raccourcis de réflexion où serait perçu qu’un mode d’accueil de qualité ne se retrouverait que dans le modèle de la crèche. Par effet de domino, cela finit également par produire une perte de sens du côté des professionnels et un résultat sur leurs candidatures : « Qui viendrait dans un mode d’accueil qui est toujours considéré « à défaut» d’un autre ? » pointe l’Ufnafaam.

Faut-il y voir « un manque de considération des pouvoirs publics », qui s’agitent bien tardivement sur l’accueil individuel actuellement, via un groupe de travail au sein de la Direction générale de la cohésion (DGCS) et le comité de filière Petite enfance ? Ou « est-ce parce qu’il s’agit d’un emploi exclusivement féminin » interroge la fédération ? Quelles qu’en soient les raisons, il en va aussi de l’avenir de la profession.