Assistants familiaux : une recherche sur le confinement riche d’enseignements.
Une profession qui se masculinise, de plus en plus diplômée : voilà les enseignements, en creux, de ce rapport réalisé sous la direction de Nathalie Chapon, sociologue et chercheuse au laboratoire méditerranéen de sociologie (Lames). L’étude s’appuie sur les résultats de l’enquête qualitative lancée par le SAF, l’ANAMAAF et la FNAF réalisée pendant le confinement, puis sur une démarche qualitative complémentaire.
Elle revient d’abord sur le confinement, apportant de nombreuses données complémentaires à celles déjà évoquées par d’autres acteurs – effet d’apaisement du confinement sur les enfants, période difficile pour les assistants familiaux.
Peu d’enfants en bas âge
Ainsi, 78 % des assistants familiaux ont accueilli le même nombre d’enfants qu’habituellement. Seulement 12 % des enfants âgés de moins de 3 ans sont placés en famille d’accueil, la majorité a plus de 7 ans.
« Ce constat confirme une pratique largement développée en France depuis des années de placer les nourrissons en établissement, c’est-à-dire en pouponnière puis ensuite d’envisager un placement en famille d’accueil. Alors que ces rapports nationaux et internationaux dénoncent les pratiques de placement des nourrissons en établissement, les plus petits continuent d’être confiés à des structures collectives» relève l’étude.
Expertise de l’ancienneté
Elle détaille ensuite le vécu des assistants familiaux et montre que les plus âgés sont ceux qui estiment le plus souvent que le confinement s’est globalement bien passé. « Ainsi, l’expérience permet de mieux gérer les temps de crise, de davantage relativiser face aux évènements, de développer des compétences éducatives adaptatives » souligne l’étude.
Si 90 % des référents ont maintenu un contact téléphonique avec les assistants familiaux pendant le confinement, très peu de professionnels « ont sollicité leur employeur pour une demande de soutien pendant le confinement » (18%).
Un engagement toujours fort
Malgré l’épuisement vécu pendant le premier confinement, les professionnels « estiment pouvoir mener à bien un second confinement, s’il devenait plus « restrictif » ». Et si majoritairement ils ont exprimé « un sentiment de délaissement et de solitude » davantage marqué pendant cette période, pour 61.8% d’entre eux « cela n’a pas changé leur motivation ». Plus de 16 % disent également se sentir encore plus utiles. Toutefois 8 % envisagent d’arrêter leur activité, et parmi eux près de 40 % qui sont les plus diplômés avec un BAC+3.
Révolution en cours
L’étude permet également de montrer une masculinisation du métier. Ainsi, si seulement 9 % des assistants familiaux sont des hommes en 2020, ils n’étaient que 2 % en 2010. Pour une majorité, ils le deviennent au moment de leur retraite pour accompagner leur épouse qui exerce ce métier.
Deuxième tendance : l’augmentation du niveau d’études chez les assistants familiaux. Ils sont aujourd’hui « majoritaires à avoir leur Bac, voire un Bac +3, alors qu’il y a encore 20 ans ils avaient massivement le certificat d’études, le CAP ou BEP, voire n’avaient aucun diplôme ».
Autre enseignement : 92 % des assistants familiaux ont exercé un autre métier avant de devenir assistant familial, le métier le plus exercé étant celui d’assistante maternelle, puis d'aides-soignant, de secrétaire ou encore commerçant.
Un rapport à point nommé
Cette étude est publiée alors que le gouvernement mène avec les acteurs du secteur un groupe de travail sur la refonte du statut, afin d’assurer l’avenir d’une profession très fragilisée. A ce sujet le rapport pointe les inégalités de traitement induites par « une politique territorialisée », ainsi que les conditions d’exercice de la profession entre secteur public et privé.
Selon Nathalie Chapon, cette double lecture, territoire et employeur, devrait être faite pour la reconnaissance de la profession.