Coronavirus : finalement, les enfants seraient bien moins contagieux que les adultes
On savait les enfants bien moins touchés par le Covid-19 que les adultes - les cas pédiatriques ne représentant que 1 % à 5 % de l’ensemble des cas de Covid-19 dans le monde, selon Santé publique France. Mais ils étaient taxés d’être aussi contaminants que ces derniers.
Les enfants, « tout petits contaminateurs »
Une étude conduite notamment par l’Association française de pédiatrie ambulatoire, mise en ligne le 4 juin sur le site MedRxiv et dévoilée le même jour par le journal Le Parisien renverse radicalement cette vision. « Les enfants sont de tout petits contaminateurs », assure le professeur Robert Cohen, pédiatre infectiologue à l’hôpital intercommunal de Créteil (Val-de-Marne), qui a coordonné la recherche. « Ils semblent non seulement moins contaminés, mais aussi moins contaminants que les adultes. »
605 patients franciliens de moins de 15 ans testés
Au total, 605 jeunes patients de moins de 15 ans en Ile-de-France, l’une des régions les plus touchées par l’épidémie, ont été testés par 27 pédiatres de ville, du 14 avril au 12 mai (soit pendant la période de confinement). Les tests sérologiques ont montré que 10 % d’entre eux avaient contracté le coronavirus. 53,2 % étaient asymptomatiques (mais plus d’un tiers avaient eu des symptômes au cours des semaines précédentes) et 46,8 % présentaient des symptômes légers (fièvre, toux, pharyngite, rhinite, diarrhée, perte de goût…).
Seuls 0,6 % des enfants contagieux
Le professeur précise : « 1,8 % avait un test PCR positif lorsqu’on les a dépistés pendant le confinement. Mais en regardant ce dernier chiffre de plus près, on a été réellement surpris de voir que seul 0,6 % était contagieux. De plus, dans neuf cas sur dix, ce sont les adultes malades qui contaminent les enfants et non l’inverse. Même quand ils ont des frères et sœurs. »
Les enfants deux à cinq fois moins porteurs du virus
Selon Robert Cohen, les enfants sont deux à cinq fois moins porteurs du virus. Son explication à cette protection ? Ils attrapent d'autres coronavirus (immunité croisée) et possèdent moins de récepteurs du virus sur la muqueuse nasale. Par ailleurs, leur petite taille fait que les gouttelettes qu'ils projettent n'atteignent pas les adultes. Une observation toutefois moins vraie du côté des adolescents, où la transmission en milieu scolaire semble plus forte qu’au sein de la famille.
Des mesures sanitaires jugées excessives
C’est notamment en s’appuyant sur cette faible contagiosité des enfants que dès le 13 mai, une vingtaine de présidents de sociétés savantes de pédiatrie avaient réclamé le retour des enfants à l’école, dans une tribune publiée dans Le Quotidien du médecin. Une injonction réitérée par le professeur Cohen, qui plaide pour une accélération du retour en classe, en faisant tomber les règles sanitaires « inhumaines » en vigueur dans les écoles, mais en continuant à pratiquer les gestes barrières. Il ajoute qu’il ne faut pas non plus empêcher les contacts des grands-parents avec leurs petits-enfants, les aînés courant « moins de risque avec leurs petits-enfants qu'avec leurs enfants adultes ».
Des pistes encore à confirmer
Les auteurs de l’enquête ont eux-mêmes souligné les limites de leurs travaux, notamment la surestimation de la contagion intrafamiliale en période de confinement et la surreprésentation de la population infectée, plus encline à participer. Pour aller plus loin, l’étude devait être reconduite après la réouverture des écoles et crèches en région parisienne. Par ailleurs, une inconnue demeure sur les cas d’enfants et d’adolescents hospitalisés pour des formes atypiques du syndrome de Kawasaki, une maladie inflammatoire potentiellement grave dont le lien avec le Covid-19 a été établi. Près de 200 cas sont en cours d’investigation.