De septembre à décembre, gel des formations pour les professionnelles déjà formées en 2023

Alors que le gouvernement ne cesse de mettre l’accent sur la qualité d’accueil grâce à la professionnalisation, et que les assistantes maternelles répondent présent en se formant toujours plus, certaines d’entre elles risquent d’être coupées dans leur élan au deuxième semestre 2023.
 

Décision de la branche

Dans un communiqué de presse, l’organisme Iperia, qui gère la formation de la branche professionnelle des salariés du particulier employeur et de l’emploi à domicile pour le compte de l’opérateur de compétences des entreprises de proximité (Opco EP), annonce qu’entre le 1er septembre 2023 et le 31 décembre 2023, « seuls les salariés qui n’ont pas encore commencé une action de formation ou un parcours de Valorisation des acquis de l’expérience (VAE) en 2023 pourront partir en formation ». 

Ainsi en a décidé la Commission paritaire nationale de l'emploi et de la formation professionnelle (CPNEFP) de la branche vendredi lors d’une réunion.

Toutes les formations concernées

« En conséquence, tout salarié qui a débuté une action de formation ou un parcours de VAE entre le 1er janvier et le 31 août 2023, devra, en lien avec son particulier employeur, attendre le 1er janvier 2024 pour faire valoir à nouveau ses droits à la formation dans le cadre du plan de développement des compétences » ajoute Iperia.

Cette décision concerne l’ensemble des formations proposées par Iperia : module de formation, bloc de compétences de l’un des trois titres à finalité professionnelle de niveau 3 portés par la branche, certificat de compétences ou certificat de certification professionnelle porté par la branche.
 

Baisse des fonds dédiés

En cause, selon Iperia, la baisse de l’enveloppe confiée à l’association paritaire nationale interbranche (APNI) par France Compétences, l’autorité de financement de la formation professionnelle.

« En avril 2022, cette somme est passée de 36 millions d’euros à 28 millions, en raison d’un recalcul des fonds mutualisés de l’Opco, qui a conduit à une première décision de la branche le 1er juin : l’arrêt des formations sur le langage » précise Baptiste Lenfant, directeur général d’Iperia.
 

Situation tendue

La situation se serait ensuite fortement tendue à partir de fin juin-début juillet, conduisant à la décision de la branche. « Toutes les personnes qui ont entamé une formation avant le 31 aout, qui doit s’achever par exemple par une journée en octobre, pourront la terminer. Ce sont seulement les nouveaux parcours, s’il s’agit du deuxième en 2023, qui ne seront pas possiblesà partir de septembre ».

Voilà qui n’est pas de nature à rassurer les assistantes maternelles sur leur possibilité de partir en formation à l’avenir. « Nous sommes peinés de ce qui arrive et nous comprenons la colère des salariées, mais ce n’est pas de notre faute, nous subissons la baisse de la dotation » assure Véronique Delaitre, représentante nationale FGTA-FO. Contactés par L’assmat, France Compétence et l’Opco EP n’ont pas donné suite à nos demandes de précision sur cette baisse de financement.
 

Décision difficile

« Suite à une décision brutale de France compétence qui est l'autorité nationale de financement et de régulation de la formation professionnelle et de l’apprentissage, nos financements ont été revus drastiquement à la baisse, décrit Stéphane Fustec, représentant de la CGT Assmat, sur Facebook. Cela nous a conduit à prendre des décisions difficiles mais incontournables pour assurer l'équilibre financier de notre système de formation. C'est vers le gouvernement que nous nous sommes tournés (sans succès pour l'instant) pour lui rappeler que la professionnalisation, ce n'est pas simplement un chiffon rouge qu'on agite lors des parades ministérielles, mais des actions concrètes qui exigent des financements ».

De son côté Baptiste Lenfant veut y voir un aspect positif pour un secteur qui montre là un taux de professionnalisation en forte augmentation. « Avec plus de 100 000 départs en formation par an, le bilan est plutôt satisfaisant » souligne-t-il, indiquant que le recours au compte personnel de formation reste possible.
 

Un dossier brûlant

Reste que cette situation financière et ses conséquences devront être étudiés de près par la branche dans les prochains mois, pour éviter les déconvenues et permettre au plus grand nombre de professionnelles de pouvoir se former. Un dossier qui sera également sur la table de la ministre des Solidarités et de la Famille Aurore Bergé, alors qu’un plan d’urgence pour l’accueil individuel avait été annoncé pour septembre avant sa nomination.