L’accueil individuel des jeunes enfants en situation de handicap reste peu développé
Sans grande surprise, cette étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiée aujourd’hui montre le chemin qu’il reste à parcourir pour l’accueil des jeunes enfants en situation de handicap.
Garde par les parents
Avant l’âge de la scolarisation (trois ans), 78 % d’entre eux, également bénéficiaires de l’Allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), sont gardés à titre principal par au moins un de leurs parents, contre 56 % des autres enfants.
« Dans l’ensemble, quel que soit le mode de garde principal, sur les 55 heures que compte la période du lundi au vendredi de 8 h à 19 h, les enfants de moins de 3 ans bénéficiaires de l’AEEH passent en moyenne 40 heures avec leurs parents, contre 34 heures pour les autres » indique l’étude.
Plus d’accueil collectif
La grande majorité des jeunes enfants en situation de handicap ne sont pas gardés exclusivement par leur(s) parent(s) et sont confiés à un mode d’accueil. Parmi les bénéficiaires de l’AEEH, 27 % fréquentent au moins une fois par semaine un établissement d’accueil du jeune enfant (EAJE), « soit une proportion comparable aux autres enfants du même âge (25 %) », mais plus souvent à titre complémentaire que principal.
Sans grande surprise non plus, l’étude indique que « l’accueil individuel chez une assistante maternelle au moins une fois dans la semaine est nettement moins fréquent que l’accueil en collectivité pour les enfants bénéficiaires de l’AEEH (16 %), alors que c’est l’inverse pour les autres enfants de moins de 3 ans (29 %). En particulier, ce mode d’accueil est plutôt rare à titre principal pour les bénéficiaires de l’AEEH (6 %), alors qu’il est le mode d’accueil principal le plus répandu après la garde parentale pour les autres enfants de moins de 3 ans (20 %) ».
Moins d’heures d’accueil
Lorsqu’ils sont accueillis à titre principal dans un mode d’accueil, les jeunes enfants bénéficiaires de l’AEEH y restent en moyenne 4 heures de moins dans la semaine que les autres enfants, et en cas de mode de garde complémentaire, l’écart s’élève à 2 heures.
L’étude relève que si la situation de handicap ne semble pas être un « facteur limitant » pour l’accueil en crèche, il l’est pour l’accueil individuel.
« Peur de mal faire »
« Le manque de formation, la peur de mal faire, mais aussi la charge de travail supplémentaire conjugués à un accueil plus souvent à temps partiel entraînant un manque à gagner sont les principaux freins relevés » pour la limitation de l’accueil des enfants en situation de handicap. Des difficultés qui pèsent « sans doute davantage sur les assistantes maternelles, qui ont moins de latitude organisationnelle et pour lesquelles le nombre d’heures d’accueil joue de façon directe sur la rémunération » note le document.
L’accueil individuel est également moins souvent souhaité par les parents d’enfants bénéficiaires de l’AEEH.
L’étude rappelle enfin que pour l’accueil chez une assistante maternelle, le complément de libre choix du mode de garde est majoré de 30 % pour les enfants bénéficiaires de l’AEEH, et qu’une majoration du salaire, sans minimum, est prévue par la convention collective pour les enfants « présentant des difficultés temporaires ou permanentes ».
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