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L’UFC-Que choisir alerte sur le métier d’assistante maternelle devenant « impraticable »

L’UFC-Que choisir alerte sur le métier d’assistante maternelle devenant « impraticable »
Publié le 06/10/2023
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Dans une étude publiée le 26 septembre, l’association de consommateurs étrille le pilotage des modes d’accueil par les pouvoirs publics et demande un « choc de simplification ».

« Les autorités ne peuvent pas se permettre de se contenter de multiplier les effets d’annonce » estime l’Union française des consommateurs (UFC-Que choisir) en introduction de son étude sur les modes d’accueil.

Le document passe au crible les données existantes, qui montrent une offre insuffisante et inégalement répartie sur le territoire, et la politique menée, « mal gérée » voire « inepte ».
 

Reste à charge

L’association de consommateurs rappelle que l’accueil individuel est le premier mode de garde formel en France, « le plus fréquent en espace rural » et « le plus adapté aux zones peu denses en population ».

L’étude pointe les différences de reste à charge selon les modes d’accueil et le coût plus élevé de l’accueil individuel, dont elle analyse le déclin, marqué par la disparition d’un quart des assistantes maternelles entre 2012 et 2020.
 

Faible salaire

« Comment s’en étonner, quand leur salaire minimum légal s’élève à 3,57 € par heure et par enfant alors que le SMIC horaire est de 11,52 € ? (..) Très concrètement, le seul moyen pour un assistant maternel de gagner le SMIC horaire en prenant en charge des enfants de 0-3 ans est donc de saturer le maximum légal d’enfants qu’il peut garder (4), à condition de n’avoir lui-même aucun enfant de moins de trois ans au même moment ! » regrette l’association.

Responsabilités « colossales »

Elle estime qu’en plus « de l’absence de garantie du SMIC et de limitation à 35 heures de travail hebdomadaire, il convient également de mentionner les responsabilités colossales des assistants maternels en termes de sécurité et bien-être des enfants ». Le coût de l’immobilier qui ne cesse d’augmenter, alors que les professionnelles exercent à domicile, rend également l’exercice du métier « de moins en moins attractif, voire impraticable du fait de la taille des logements ».
 

« Catastrophe annoncée »

« Au regard des revenus et des responsabilités, comment s’étonner du fait que la profession soit désertée ? Et les perspectives de moyen terme ne sont guère plus reluisantes » pointe l’association, qui demande au gouvernement de « provoquer un sérieux choc d’attractivité pour le métier d’assistant maternel, afin de prévenir la catastrophe annoncée ».

L’association tacle l’insuffisante réactivité du gouvernement face à ces constats largement connus et étayés.

« Dans ces conditions, certaines annonces laissent pantois au regard de leur très faible échelle et leur manque d’ambition. Ainsi, en avril 2023, une Campagne nationale de valorisation des métiers de la petite enfance (qui avait été annoncée en juillet 2022) a enfin été lancée. Mais elle a n’a été dotée que d’un faible budget de 2 millions d’euros » relève l’étude.
 

Des rustines

Quant aux annonces faites par le gouvernement en juin dernier, l’association y voit des « rustines » et n’y croit guère :« une pénurie de personnel fait rage dans le secteur de la petite enfance, qui rend difficile le fait d’assurer un encadrement satisfaisant pour les places existantes ».

Plaidant pour un « choc de simplification » et un « pilotage national organisé et ambitieux », l’association demande la création d’un droit opposable à un mode d’accueil pour les jeunes enfants, « abordable pour tous, et de qualité ».