Les MAM, ces « maisons » dédiées aux jeunes enfants
Elles ont douze ans d’existence, sont au nombre de 3500 mais leur travail au quotidien n’a fait jusqu’ici que peu l’objet d’exploration ethnographique et sociologique – comme l’accueil individuel en général. Ce dossier d’étude publié récemment par la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) et réalisé par trois chercheuses (1) vient donc éclairer les pratiques professionnelles en Maisons d’assistantes maternelles (MAM), structure à mi-chemin entre l’accueil individuel et collectif. L’étude a été menée entre février 2020 et février 2021, soit en pleine pandémie, dans six MAM de deux départements (non précisés à ce stade), l’un urbain l’autre rural.
Des maisons pour les enfants
Les MAM y sont décrites comme des « maisons dédiées aux jeunes enfants », hybrides « entre des formes individuelles et collectives d’accueil » et bien ancrées sur leur territoire d’implantation, utilisant les ressources avoisinantes (parc, marché, commerces, etc.). Si la diversité d’organisation des modes d’organisation et l’appréciation positive des parents pour cet accueil avaient déjà pu être explorées auparavant, l’étude apporte de nombreuses informations sur les rapports entre professionnelles, avec les parents, et le travail avec les enfants.
Elle analyse par ailleurs les tensions et les conflictualités qui surviennent entre les professionnelles, souvent pointés par les « détracteurs » de ce mode d’accueil pour souligner la fragilité de ces structures.
De la positivité du conflit
« Dans un contexte où les professionnelles cultivent l’image d’une Mam comme « cocon », tout conflit peut être perçu par elles comme le signe de l’échec de la Mam. Pourtant, ces tensions et conflits sont aussi des apprentissages pour les assistantes maternelles et des occasions pour instituer des règles de travail en Mam, vis-à-vis des enfants, des parents et d’elles-mêmes, tout en permettant l’expression de différents styles professionnels individuels » relève la CNAF dans la synthèse.
A noter aussi que ces situations de conflit, lorsqu’elles ont été abordées par les professionnelles entre elles, « ont renforcé le collectif de travail ». En cas de conflit non surmonté, des professionnelles partent, mais « il est très rare que les tensions, voire les conflits interpersonnels, mettent à mal l’existence et le fonctionnement même de la Mam ».
Un accompagnement par les « mameuses »
En conclusion de leur étude, les autrices plaident pour un accompagnement des Mam par des « « mameuses » expérimentées (un néologisme utilisé par les acteurs institutionnels pour nommer les assistantes maternelles exerçant en MAM), indépendantes de la Protection maternelle et infantile (PMI) et formées à l’analyse des pratiques, au lieu de seulement considérer les MAM comme lieu à soutenir par l’expertise de professionnelles issues à la fois du champ de l’accueil individuel et de l’accueil collectif ».
Elles suggèrent également que l’expérience des MAM pourrait être utile à la mise en visibilité des « angles morts » du travail des professionnelles en crèche, c’est-à-dire les relations interpersonnelles et professionnelles « en lien avec les styles de direction des équipes ». « Les MAM n’auraient‐elles pas à nous apprendre de nouvelles modalités de coordination des pratiques professionnelles dans un cadre collégial ? » demandent-elles. Une question presque subversive au regard de la forte opposition d’une partie des acteurs de la petite enfance au développement des MAM.
(1) Pascale Garnier, Catherine Bouve, Martine Janner Raimondi
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