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Monenfant.fr : les assistantes maternelles en grève le 19 novembre pour se faire entendre

grève assistantes maternelles
Publié le 12/11/2019
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Après les nombreuses pétitions et alertes auprès de leurs élus, les assistantes maternelles s’apprêtent à débrayer contre l’article 49 du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Alors que la discussion du PLFSS en séance publique au Sénat commence aujourd’hui après son vote en première lecture à l’Assemblée nationale, les professionnelles sont appelées à faire grève le 19 novembre par FO-FGTA, la CGT, le SPAMAF, la CSAFAM et le Collectif des Assistants maternels Gilets Roses.

Syndicats et collectifs dénoncent l’article 49 qui introduirait l’obligation d’inscription sur le site et de mise à jour des disponibilités sous peine de retrait d’agrément. « Une méthode coercitive qui sous prétexte de faciliter la mise en relation avec des parents employeurs, consiste en réalité à un véritable « flicage » de leur activité » relèvent-ils.
 

La finalité en question

La colère des professionnelles est d’autant plus grande que ces dernières refusent « de diffuser publiquement des données personnelles qui pourraient être utilisées à mauvaise fin ou permettre à Pôle emploi de remettre en cause leur indemnisation en cas d’activité réduite ».

Dans un communiqué commun, le SPAMAF et la CSAFAM appellent à une « grève passive » en téléchargeant un macaron « Assmat en grève », pour ne pas faire perdre une journée de salaire aux professionnelles. Les deux syndicats rappellent que « chaque assistant maternel doit pouvoir, comme la loi sur les données personnelles l’y autorise, pouvoir faire le choix de s’y inscrire ou non et de choisir les informations qu’il souhaite y faire apparaître ». 
 

Selon plusieurs organisations, le site monenfant.fr ne permet pas actuellement à toutes les assistantes maternelles de s’y inscrire, encore moins d’indiquer leurs disponibilités. De très nombreuses professionnelles témoignent d’ailleurs sur les réseaux sociaux de leurs grandes difficultés à utiliser ce site. Comme la CNAF l’a indiqué à L’assmat le 5 novembre, vingt départements ne fourniraient pas les données nécessaires aux Caisses d’allocations familiales (CAF) pour permettre cette inscription.
 

Effets de communication

Ces propos sont pourtant contraires à ceux tenus par le Directeur général de la CNAF Vincent Mazauric lors de son audition sur le PLFSS au Sénat le 23 octobre, où il affirmait : « Il est exact que le site dont nous parlons, monenfant.fr, a connu des difficultés d’accès. Nous les avons surmontées ». Idem lors de l’émission La maison des maternelles sur France 5 le 6 novembre, lorsqu’Edith Voisin, cheffe de projet pour le site monenfant.fr, assure que « toutes les assistantes maternelles qui le souhaitent peuvent être référencées sur le site ».

En matière de site internet et de plateformes officiels, les graves déboires financiers subis par plusieurs milliers de parents en raison des dysfonctionnements de la plateforme Pajemploi doivent inciter à considérer la communication des services de l’État avec la plus grande prudence. Car les chiffres communiqués, souvent très tardivement et après de nombreuses demandes, sont pour l’heure invérifiables. Les éléments à l’origine des dysfonctionnements ne sont par ailleurs jamais précisément détaillés.
 

Une accumulation de mécontentements

Quant à l’aspect punitif de l’article 49, le gouvernement et la CNAF n’ont de cesse de répéter qu’il s’agit d’un « dispositif aidant » voire « incitatif ». Un argumentaire qui ne parvient pas à convaincre les professionnelles qui dénoncent une accumulation des mesures conduisant à ce mécontentement inédit. 
 
Le SPAMAF et la CSAFAM font ainsi référence à « l’application de chartes départementales qui ne respectent pas les décrets applicables » à la profession, aux « récentes menaces qui ont pesé sur le bénéfice de l’allocation chômage en cas d’activité réduite », aux dysfonctionnements de Pajemploi et aux incertitudes liées au futur suivi des agréments « qui pourrait être confié à des organismes privés ».