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Petite enfance : un ministère dédié qui suscite les critiques

Publié le 23/09/2024
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Alors que la nouvelle ministre déléguée Agnès Canayer entre en fonction, un appel à la mobilisation est lancé pour le 1er octobre.

Il est courant, après de nouvelles nominations ministérielles, de s’interroger sur le périmètre des attributions, surtout depuis le défilé des ministres dans le champ de l'enfance. Qui pour s’occuper des modes d’accueil ? Qui pour s’occuper de l’Aide sociale à l’enfance ? 
 

Sénatrice apparentée LR

Au moins pour la petite enfance, cette fois-ci, c’est clair : après le début de scandale Laurence Garnier, sénatrice conservatrice dont le nom circulait pour le portefeuille, c’est Agnès Canayer, sénatrice apparentée Les Républicains de la Seine-Maritime, qui devient ministre déléguée à la famille et à la petite enfance.

Elle est placée sous l’autorité de Paul Christophe, ministre des solidarités, de l’autonomie et de l’égalité entre les hommes et femmes, député membre puis président de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.
 

Dénomination et périmètre critiqués

Agnès Canayer succède ainsi ce matin à Sarah El Haïry, dont le périmètre était plus large : familles, jeunesse, enfance. Pour l’aide sociale à l’enfance (Ase), en revanche, c’est moins clair. Ce découpage suscite donc les critiques d’un secteur associatif qui milite depuis de nombreuses années pour un ministère de plein exercice dédié à l’enfance et la jeunesse, tout comme le choix de « la famille » plutôt que « les familles ».

« Si la nomination d’Agnès Canayer en tant que chargée de la Famille et de la Petite enfance est un signe positif pour la prise en compte des tout-petits, cela ne couvre pas l’ensemble des besoins spécifiques des 15 millions d’enfants en France, a réagi la présidente de l’Unicef France, Adeline Hazan. Réduire la question de l’enfance à la famille ou à la petite enfance laisse en suspens les défis majeurs auxquels font face les enfants plus âgés, notamment en matière de protection, de santé, d’éducation et de lutte contre la pauvreté ».

Mobilisation le 1er octobre

Preuve de la crise majeure que traverse le secteur : l’appel à la mobilisation le 1er octobre lancé hier par le Syndicat national des professionnelles de la petite enfance (SNPPE) contre la dégradation des conditions de travail et la marchandisation du secteur. La nomination d’Agnès Canayer survient ainsi quelques jours après la parution du livre-enquête de Victor Castanet et ses nouvelles révélations édifiantes sur le secteur privé lucratif.

Le SNPPE se dit également « très inquiet » après la nomination d’Agnès Canayer, à qui il aurait préféré « une personne qui maitrise les problématiques ».
 

L’ASE le 25 septembre

Autre mobilisation, ce mercredi : celle du collectif les 400 000 qui organise son premier rassemblement à Paris pour demander des moyens pour l’Ase. La dissolution avait fauché en plein vol la commission d’enquête parlementaire sur les manquements de la protection de l’enfance pourtant très attendue par les anciens enfants placés et les acteurs associatifs. La trêve estivale du gouvernement démissionnaire, en mettant les dossiers sur pause, n'a rien arrangé à la crise profonde traversée par le secteur.