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Plagiocéphalie et mort inattendue du nourrisson

sommeil nourrisson
Publié le 11/03/2020
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Une recommandation récente de la Haute Autorité de santé et du Conseil National Professionnel de Pédiatrie réaffirme la nécessité de coucher les bébés sur le dos pour prévenir le risque de mort inattendue du nourrisson. Tout en donnant des pistes aux professionnels et aux parents pour limiter la plagiocéphalie, ou syndrome de la « tête plate ».

La Haute Autorité de santé (HAS) et le Conseil National Professionnel de Pédiatrie (CNPP) ont publié le 5 mars une fiche memo pour prévenir l’apparition de la plagiocéphalie et décrire la prise en charge adaptée. Ils y réaffirment surtout l’importance de coucher les bébés sur le dos, seul moyen de prévenir la mort inattendue du nourrisson (MIN).
 

La « tête plate » concernerait au moins un nouveau-né sur quatre

La plagiocéphalie est une déformation du crâne de l’enfant résultant des appuis répétés et continus d'un même côté. Entraînant ce que l’on désigne communément sous le terme de « bébé à tête plate ». Un phénomène qui concernerait aujourd’hui au moins un nouveau-né sur quatre, le couchage de ceux-ci sur le dos étant recommandé depuis 1994, afin de prévenir au maximum le risque de MIN. Ce qui a amené l’association de défense des patients le LIEN à alerter la HAS en avril 2017 de la sous-estimation du nombre de cas de plagiocéphalies et de ses conséquences.
 

Principe impératif du couchage sur le dos

C’est en réponse à cette alerte que les deux organisations de santé ont publié une fiche mémo destinée à l’ensemble des professionnels gravitant autour des familles, dont les assistantes maternelles. HAS et CNPP y réaffirment avec force le caractère impératif du couchage dorsal pour prévenir la MIN. Une mesure qui a permis de réduire ce risque de 76 % depuis sa mise en œuvre.
 

La plagiocéphalie : une pathologie bénigne et généralement temporaire

Les deux institutions rappellent aussi que ces déformations crâniennes sont bénignes et dénuées de conséquences autre qu'esthétiques. Il n’existe en effet aucun lien de causalité établi entre plagiocéphalie et retard neurodéveloppemental ou troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs ou vestibulaires. Qui plus est, ces déformations disparaissent à l’âge de deux ans dans la très grande majorité des cas.
 

Préserver au maximum la mobilité naturelle de l’enfant

Au quotidien, les parents sont les principaux acteurs de la prévention de cette déformation, laquelle doit survenir dès la naissance et surtout dans les six premiers mois de vie du bébé, lorsque le crâne est le plus malléable.

Si le couchage sur le dos reste la position à adopter pendant le sommeil, il faut éviter d’immobiliser le nourrisson pendant les phases d’éveil afin d’éviter qu’il n’appuie sa tête toujours du même côté. La HAS recommande de laisser l’enfant libre de ses mouvements, y compris sur le ventre, lorsqu’il est éveillé et sous surveillance. De varier ses postures et d’encourager les rotations spontanées de sa tête grâce à des sollicitations tactiles, visuelles et auditives. Elle conseille de l’installer au sol, sur un tapis ferme, avec des jouets positionnés tout autour de lui, en évitant arches de jeu et mobiles, susceptibles de fixer son attention en un endroit unique. Pointant un « déficit d’interactions entre le nourrisson et les adultes qui s’en occupent », elle recommande de favoriser le portage dans les bras ou en écharpe, en respectant le dégagement permanent des voies aériennes, l’enroulement du bassin et la variation de posture. En revanche, elle préconise d’éviter cales-tête, siège-coques, coussins anti-tête-plate, etc., qui empêchent les bébés de bouger librement.
 

Des interventions adaptées selon la sévérité de la plagiocéphalie

Lorsqu’une plagiocéphalie survient chez un nourrisson, la HAS recommande aux parents d’éviter d’appuyer la partie aplatie de la tête et de favoriser les moments de mobilité du nourrisson. En complément, et notamment dans le cas où l’enfant a des difficultés à bouger son cou (torticolis), il est préconisé de consulter un médecin, qui pourra prescrire des soins de kinésithérapie. En l’absence d’amélioration de la déformation crânienne, l’enfant doit être orienté, si possible dès la fin du premier semestre, vers un centre spécialiste des malformations crânio-faciales.