Protection de l’enfance : porter la voix de l’Outre-mer
En juin dernier, la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) a retiré l’agrément de douze assistantes familiales, suspendu à titre conservatoire en raison de suspicions de maltraitance, voire de violence envers les enfants accueillis. De son côté, l’Union des travailleurs guyanais (UTG) et plusieurs assistantes familiales ont dénoncé dans les médias locaux, notamment la chaîne Guyane la 1ère (France TV), des accusations à charge sans enquête au domicile.
Fin août, une mobilisation organisée devant les locaux de la CTG, rassemblant des professionnels et des membres des associations Trop violans et 500 frères contre la délinquance a conduit à l’interpellation du président de l’association Trop violans.
Difficultés en Guyane
Les assistants familiaux dénoncent un manque d’accompagnement de la part de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), un service désorganisé et sans moyens suffisants depuis la fusion en janvier 2016 de la région et du département guyanais en une seule collectivité territoriale. De son côté, la CTG affirme qu’une « dynamique a été engagée afin de réformer le dispositif de protection de l’enfance » et s’adapter à son « nouveau cadre légal ».
Afin d’apaiser la situation, Rodolphe Alexandre, président de la CTG, a également salué dans un communiqué diffusé le 30 aout « le dévouement » des assistants familiaux au quotidien, ainsi que « les valeurs qui les animent et leur esprit citoyen ».
Formation à Mayotte
A Mayotte, où un habitant sur deux a moins de 17 ans, la professionnalisation des assistants familiaux est en marche : selon Le Journal de Mayotte, la formation visant à obtenir d’ici 2021 le Diplôme d’État d’assistant familial (DEAF) a commencé à être suivie par une trentaine de professionnels. Une remise à niveau en français, préalable à l’entrée en formation, est prévue pour les autres.
Un groupe de travail...
Parce que chaque territoire d’outre-mer a ses spécificités en matière de protection de l’enfance, avec des difficultés économiques et sociales encore plus importantes qu’en métropole, et parce que l’Outre-mer y est trop peu représenté, un groupe de travail « Outre-Mer » a été installé le 3 juillet 2019 au Conseil national de la protection de l’enfance (CNPE). Il est co-piloté par la Convention nationale des associations de protection de l’enfance (CNAPE), Marie Derain, secrétaire générale du CNPE et Joël Pisou, directeur enfance famille de Guadeloupe.
« L’objectif de ce groupe de travail est de porter la voix de territoires ultra-marins au niveau national » indique la CNAPE, et « de retransmettre au mieux leurs préoccupations, leurs attentes mais également de valoriser les actions menées en direction des enfants et des familles ».
… et un réseau
Enfin, un Réseau Outre-Mer Enfance Famille Jeunesse, regroupant différents partenaires (Direction générale de la cohésion sociale, CNPE, Défenseur des enfants, CNAPE, Groupe SOS, etc.) a été créé dans le prolongement des journées territoriales de la protection de l’enfance à Mayotte en novembre 2018. Son premier comité de pilotage, porté par le réseau Idéal Connaissances spécialisé dans l’échange de savoirs pour les professionnels des collectivités territoriales, s’est réuni vendredi 6 septembre 2019.
« La volonté est de mettre des outils à disposition de tous les acteurs pour échanger sur les pratiques, valoriser les expériences positives, lancer une dynamique et se mettre en réseau dans ces territoires un peu éloignés de tout mais où les problématiques peuvent se recouper » décrit Laure Sourmais, responsable du pôle protection de l’enfance à la CNAPE.
Beaucoup d’échanges auront lieu en visioconférence avant les prochaines journées territoriales de la protection de l’enfance, prévues en Guadeloupe en novembre 2020.