Une expo photos itinérante pour promouvoir le métier d’assistante maternelle

Depuis début octobre dernier, une quinzaine de panneaux attirent l’œil des passants devant l’espace scolaire ainsi que devant la Maison d’Assistantes Maternelles (MAM) de la petite commune de Gausson, en centre-Bretagne. Des photos en couleurs ou en noir et blanc, chacune évoquant l’un des versants du quotidien des assistantes maternelles, témoignage personnalisé de l’une d’elles sous chacune.
 

Une exposition itinérante sur un an

L’exposition sera visible pendant plus d’un an sur plusieurs communes du territoire. « Le projet est né au cœur de la période Covid, explique Estelle Monjaret, l’une des quatre éducatrices de jeunes enfants et animatrices au Relais petite enfance (RPE) du CIAS de Loudéac communauté. Nous avons constaté une grande fatigue et une certaine démotivation parmi nombre d’assistantes maternelles des 41 communes que nous représentons, avec des fins de contrats assez brutales et un sentiment d’isolement et d’absence de reconnaissance. Une situation qui est venue alourdir un constat global de menaces sur la pérennité du métier, avec en particulier des départs en retraite non remplacés. » Tant pour essayer d’enrayer cette désaffection dans ses communes que pour redonner ses lettres de noblesse à la profession, l’équipe du Relais a voulu mettre en valeur le travail quotidien de ses représentantes, via une exposition de photos portraits.

Huit assistantes maternelles témoignent de leur vécu avec les enfants

Début 2021, le projet est validé par les élus. Le budget (environ 2 500 euros) est financé par le CIAS de Loudéac Communauté et la CAF des Côtes d’Armor. Huit assistantes maternelles se portent volontaires et les prises de vue sont réalisées en octobre et novembre 2021, sous la houlette du photographe Stéven Lemaître. Celui-ci a su capter au travers de son objectif ce qui, selon elles, se trouve au cœur de leur métier.
 

« L’enfant qui ne marche pas encore est déjà vraiment présent dans les échanges »

Pour Thérèse Michel, 51 ans, c’est le regard et le lien profond qui unit les enfants accueillis et leur assistante maternelle. Cette ancienne ATSEM exerce depuis 2012 à Loudéac. « Les deux bébés sur la photo sont Arthur et Charlotte, alors âgés de 8 ou 9 mois, commente-t-elle. J’en accueille aussi un troisième du même âge, ainsi qu’un petit garçon de deux ans et demi ». Ce cliché cristallise ce qui porte Thérèse au quotidien. « J’adore quand ils me regardent avec ce regard qui pétille, quand ils n’ont d’yeux que pour moi, sourit-elle. Cette image montre à quel point l’enfant qui ne marche pas encore est déjà vraiment présent dans les échanges. C’est un bonheur de les accompagner au quotidien dans leur découverte du monde et d’eux-mêmes, par le jeu, les chansons ou les comptines. Par ma voix, surtout, qui est le lien, qui les rassure, les guide et les berce. » 

Thérèse espère que cette exposition pourra changer le regard des gens sur la profession. « Au début de ma carrière, j’entendais « tu es chez toi, tu es tranquille », se souvient-elle. Eh non, je travaille ! Et je m’investis à plein dans ce que je fais, avec une immense conscience de l’importance de mon rôle. C’est trois ans de leur petite enfance, c’est énorme. »
 

« Le livre est une expérience sensorielle complète, qui mobilise vue, ouïe et toucher »

Caroline Labbé, elle, a choisi de mettre l’accent sur le livre. « Via cette photo, je voulais exprimer que celui-ci peut toucher les enfants de tous âges ou profils, car c’est une expérience sensorielle complète, qui mobilise vue, ouïe et toucher, témoigne cette assistante maternelle de 38 ans exerçant à Gausson depuis 2019 et titulaire d’un agrément pour 4 enfants, plus un en périscolaire. Le livre est pour moi un vecteur de communication avec les enfants dès leur plus jeune âge, via les histoires ou les comptines. Je m’en sers pour les apaiser avant la sieste. C’est un merveilleux espace de partage, en groupe ou en face à face. Et un formidable levier de développement de l’imaginaire aussi, que j’accompagne de marionnettes et de la confection de réalisations créatives... C’est aussi un support très efficace pour aider les tout-petits à apprivoiser leurs émotions, comme la peur ou la colère, ou à verbaliser sur leurs expériences de vie pour mieux les surmonter. Je prolonge l’expérience par des sorties « bébés lecteurs » avec le Relais dans les bibliothèques des communes avoisinantes ».

Pour Caroline, la fonction nécessite de l’organisation, de la patience et surtout d’aimer transmettre : « J’accompagne l’enfant à évoluer et à grandir dans le bon sens, à l’ouvrir au monde, tout en lui apportant de la bienveillance. C’est un métier à part entière. »