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Places en crèche : effets limités pour l’emploi et négatifs pour l’accueil individuel

emploi politique familiale
Publié le 07/09/2020
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Selon une note d’analyse de l’INSEE, la hausse des places en mode d’accueil collectif entre 2000 et 2016 n’a pas eu d’effet significatif sur l’emploi des mères tout en faisant baisser le recours aux assistantes maternelles.

Entre 2000 et 2016, 150 000 places supplémentaires en Etablissement d’accueil du jeune enfant (EAJE) ont été créées afin d’augmenter la capacité d’accueil. Or, pour les mères « obtenir une place en EAJE ne permet pas d’augmenter significativement leurs revenus salariaux, ni d’interrompre moins souvent leur carrière, ni de travailler à temps moins partiel ou dans des emplois mieux rémunérés, bien que ce soient elles, et non les pères, qui ajustent leur offre de travail du fait des contraintes liées à l’arrivée des enfants » relève l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).

Ainsi, grâce à la hausse du nombre de places en EAJE, seulement 8000 mères de jeunes enfants seraient parvenues en 2016 « à ne pas interrompre leur carrière » par rapport à la situation en 2000.

Pas d’impact sur le congé parental mais sur l’accueil individuel

Deuxième constat : « si une hausse soudaine de la capacité d’accueil des EAJE dans une commune n’a pas eu d’effet sur la fréquence du recours au congé parental indemnisé, elle diminue en revanche fortement la demande pour les assistantes maternelles et la garde à domicile ». Ainsi, dans les 10 % de communes où les hausses annuelles de capacité en EAJE ont été les plus fortes entre 2007 et 2015, le recours à l’accueil individuel a baissé de treize points.

Or, « la plupart des mères qui ont bénéficié d’une des nouvelles places en EAJE auraient continué à travailler en l’absence de ces places ». Voilà qui amène l’INSEE à s’intéresser à l’effet de l’augmentation de places en accueil collectif sur les finances publiques.
 

Mieux évaluer l’impact sur les finances publiques

Avec en 2015 un coût de fonctionnement moyen d’une place en EAJE s’élevant à 15000 euros, financée à 82 % par les institutions publiques et à 18 % par les parents, le constat dressé par l’INSEE est alarmant. « Si on ramène cette dépense aux effets sur le taux d’emploi salarié des mères (…) une dépense publique d’un million d’euros permettrait au plus à quatre mères de jeunes enfants d’éviter une année d’interruption de carrière» indique l’INSEE.

Toutefois, tous les modes d’accueil faisant l’objet de financements publics, l’INSEE rappelle que pour évaluer correctement le coût public des créations de place en crèche, les effets de substitution entre les modes d’accueil doivent être pris en compte. Mais faute de données suffisantes, l’effet total des plans crèches sur les finances publiques reste « ambigu ».