Vous êtes ici

Plus de 50 % d’assistantes maternelles en souffrance selon l’Unsa

Plus de 50 % d’assistantes maternelles en souffrance selon l’Unsa
Publié le 17/05/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Le deuxième baromètre sur la qualité de vie au travail du syndicat révèle une dégradation de la satisfaction des professionnelles, pourtant toujours très engagées dans leur métier.

17000 réponses dont 12800 analysées et 70 000 contributions libres : un volume conséquent de retours pour cette enquête réalisée en ligne du 1er au 28 février 2021, dont les résultats sont publiés aujourd’hui par l’Unsa Fessad (avec l’Unsa-Proassmat et le Supnafaam-Unsa).

La majorité des professionnelles enquêtées travaille à domicile (96%), sans diplôme spécialisé (52%) et 33 % avec le CAP Petite enfance.
 

64 % travaillent plus de 40 heures/semaine

Elles accueillent en moyenne 3,3 enfants pour 4,1 contrats de travail. Seules 56 % travaillent à plein temps, dont 64 % font plus de 40 heures par semaine et 24 % plus de 50 heures. Auxquelles il faut ajouter selon le syndicat tout le travail « invisible » et donc non rémunéré : « rangement de la maison, ménage, désinfection des jouets, lavage du linge sali par les enfants (bavoirs, serviettes, draps), courses et préparation des repas, temps administratif ».

Près de 40 % travaillent à temps partiel et parmi elles une sur deux aimerait travailler plus.

La rémunération nette par mois s’élève à moins de 1500 euros pour 53 % d’entre elles.

Conditions de travail

Les indicateurs relatifs aux conditions physiques et psychologiques du travail sont « inquiétants » selon l’Unsa, avec 61 % des assistantes maternelles qui estiment que le travail est éprouvant sur le plan émotionnel, 63 % qui ressentent des douleurs dans le travail et 61 % qui ne s’arrêtent pas si elles sont malades de peur de perdre leur contrat. Plus de 50 % de professionnelles se déclarent en souffrance au travail.

A 63 % elles estiment que la crise sanitaire de 2020 a eu un impact sur les conditions de travail, dont 45 % sur la charge de travail au quotidien.
 

Manque de reconnaissance

Par rapport au premier baromètre publié en 2018, la satisfaction globale au travail passe de 7,4 sur 10 à 6,9 sur 10. Pour 78 % de professionnelles, la satisfaction est liée aux relations avec les enfants et pour 68 % à l’autonomie dans l’organisation du travail. Côté facteurs de pénibilité, le manque de reconnaissance arrive en tête (51%), devant la précarité (31%), l’isolement et l’absence de perspectives (23 %).

Malgré les difficultés du quotidien de travail, 88 % d’entre elles veulent continuer à travailler dans le secteur de la petite enfance.

Les trois principaux enjeux pour l’avenir sont pour elles la reconnaissance sociale et professionnelle du métier pour 78 %, l’accès aux mêmes protections sociales que les autres salariés (73%) et la revalorisation de ce mode d’accueil.
 

Mieux informer sur les droits

« Ce qui est marquant dans ce baromètre c’est le niveau de salaire rapporté au nombre d’heures travaillées, et le constate qu’une majorité d’entre elles ne s’arrêtent pas de travailler lorsqu’elles sont malades, ce qui en dit long sur leurs conditions de trail qui ne sont pas dignes du XXIème siècle » analyse Liliane Delton, secrétaire générale de l’Unsa Pro-assmat.

Un autre défi pour le syndicat : informer sur les droits. « Il est frappant de constater que 33 % d’entre elles ne connaissent pas la convention collective et 60 % leurs droits à la protection sociale » poursuit Liliane Delton.