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Assistants familiaux : pour la Cour des comptes, pas d’avenir sans soutien

cour des comptes protection enfance
Publié le 01/12/2020
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Renforcer l’attractivité du métier et mieux appuyer les professionnels constituent l’unique planche de salut de la profession, estiment les juges financiers dans un rapport sur la protection de l’enfance publié aujourd’hui.

Le sous titre de ce rapport en dit long : « une politique inadaptée au temps de l’enfant ». Empilement de délais dans la prise en charge, ruptures de parcours, pilotage défaillant, réactivité des acteurs locaux « insuffisante » : les constats relevés dans le précédent rapport thématique de 2009 « restent valables aujourd’hui » relèvent les juges financiers.

« L’État, qui devrait être en mesure de garantir l’égalité de traitement des enfants protégés sur le territoire, n’assure pas ce rôle aujourd’hui » poursuit la Cour des comptes, qui émet 10 propositions invitant « les pouvoirs publics à se mobiliser fortement et à mieux prendre en compte le temps de l’enfant ».
 

Forte tension

Concernant les assistants familiaux, les magistrats pointent un dispositif « en forte tension » en raison des nombreux départs en retraite à venir et de recrutements insuffisants pour renverser la vapeur.

« Les départements ont de plus en plus tendance à compenser la réduction des effectifs d’assistants familiaux par une augmentation du nombre d’enfants accueillis, comme l’ont fait notamment l’Aisne et le Tarn-et-Garonne. Mais cette solution, nécessairement limitée dans son volume, ne constitue pas une perspective durable, d’autant moins qu’elle dégrade la qualité de l’accueil des enfants » pointent les juges.

Seul salut pour la profession : « renforcer l’attractivité du métier et d’apporter un meilleur appui aux assistants familiaux ». C’est normalement l’objet de travaux en cours entre le gouvernement et les représentants de la profession, comme le souligne la Cour.

Situations difficiles

La Cour pointe également les effets collatéraux sur l’accueil familial de la gestion privée de l’offre d’accueil par les opérateurs de la protection de l’enfance. Si la coopération inter-associative donne lieu à de meilleures solutions d’accompagnement, notamment pour les adolescents dits « en rupture », « les organismes concernés restent maîtres de leurs décisions d’admission et la prise en charge des situations complexes repose sur une négociation avec le département » souligne-t-elle. « Le risque de reporter sur les foyers et les assistants familiaux départementaux les cas les plus difficiles, du fait des refus d’admission dans le secteur privé, est donc réel et peut donner lieu à des accueils inadaptés et parfois peu compatibles avec le rôle d’accueil d’urgence ».
 

Trop peu de contrôles

La Cour pointe également l’insuffisance des contrôles dans le secteur, souvent en raison de « remontées d’alertes », donc quand il est trop tard. « L’insuffisance des contrôles est encore plus nette s’agissant des assistants familiaux » souligne-t-elle, invitant à les renforcer.

 

 

► La protection de l’enfance, Une politique inadaptée au temps de l’enfant, Rapport public thématique, Novembre 2020.