Crèches familiales : agir pour « éviter le naufrage »
Les crèches familiales sont victimes depuis de longues années d’un syndrome particulier : tout le monde trouve ce mode d’accueil formidable mais personne ne se donne vraiment les moyens de le sauvegarder, encore moins de le développer (en dehors des collectivités qui décident de les maintenir malgré leur coût de fonctionnement).
Pourtant, à l’heure de la construction du service public la petite enfance (SPPE), les crèches familiales qui offrent environ 26 000 places constituent l’un des emblèmes de la notion de service public et de qualité d’accueil, alliant accueil individuel et cadre collectif.
Défendre ce mode d’accueil
C’est bien le message que veut faire passer le tout nouveau Collectif national des assistants maternels en crèche familiale (Cnamcf), créé en janvier par une dizaine de professionnelles implantées dans plusieurs départements. « Nous nous sommes retrouvées sur Facebook, nous partagions les mêmes constats et difficultés, et surtout l’envie de défendre ce mode d’accueil » décrit Irène*, membre du Cnamcf.
Alors que la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) a créé un groupe de travail sur l’accueil individuel et que le Comité de filière y consacre ses travaux ce premier semestre 2023, le collectif a publié un communiqué sur Twitter et Facebook pour signaler sa création, suivi d’une lettre ouverte adressée notamment au ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe.
Statut hétérogène
Ce courrier rappelle qu’un rapport publié en 2018, voici donc déjà cinq ans, constatait le déclin des crèches familiales et soulignait « l'hétérogénéité dans l'application du statut des assistants maternels (agents contractuels) entre les différentes structures d'accueil familial en France, les difficultés de compréhension du statut tant par les assistants maternels que par les gestionnaires, les difficultés financières des crèches ». Ce document préconisait également « l'élaboration d'un référentiel juridique et une évolution des modalités de financement des crèches ».
Or, en 2023, rien n’a été fait et la crise sanitaire a accentué les difficultés des crèches familiales, comme le révélait une enquête de la Caisse nationale des allocations familiales publiée en juillet 2022. « Certaines collègues sont toujours payées au forfait, d’autres sont mensualisées sur 45 semaines et non 52, d’autres encore sont en CDD depuis 18 ans » constate Irène parmi les nombreux exemples d’application aléatoire des textes réglementaires par les collectivités.
Impulsion politique
Une situation qui pèse sur l’attractivité du travail en crèche familiale et pousse les professionnelles à reprendre le statut de salariées du particulier employeur. « Nous ne jetons pas la pierre aux gestionnaires, ils font aussi ce qu’ils peuvent : nous voulons simplement défendre ce mode d’accueil qui reste trop invisible mais auquel nous croyons » souligne Irène. Ce qui passe nécessairement par une impulsion politique et des choix financiers des pouvoirs publics.
Des contacts ont été pris avec les syndicats et les fédérations représentatives afin qu’ils relaient les demandes du collectif, qui souhaite désormais se faire connaître et fédérer les assistantes maternelles, les professionnels du champ de la petite enfance et les parents.
* Le prénom a été modifié à la demande de la personne interviewée
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