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Crèches familiales : un avenir toujours incertain malgré la mobilisation de plusieurs acteurs

Gestionnaires de SAF participant au réseau SAF
Publié le 10/07/2024
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Alors que les crèches familiales peinent encore à s’inscrire à l’agenda politique, un groupe de travail informel et un réseau dans les Alpes-Maritimes se mobilisent pour la sauvegarde de ce mode d’accueil.

Maurepas (78), La Courneuve (93), Rumilly (74) : ces derniers mois, les annonces ou projets de fermeture de crèches familiales se sont encore succédés.

Le réveil du gouvernement face au déclin de ces structures, dont tout le monde vante la qualité d’accueil, aura-t-il définitivement été trop tardif ? Les crèches familiales ne figurent à l’agenda politique que depuis l’an dernier, inscrites dans la Convention d’objectifs et de gestion (COG) 2023-2027 de la branche famille et le plan de soutien à l’accueil individuel présenté en octobre 2023 par la ministre Aurore Bergé.
 

Pas de suivi

« En janvier la DGCS avait lancé un groupe de travail, depuis c’est silence radio malgré nos relances, regrette Sarah Messina, porte-parole du collectif national d’assistants maternels en crèches familiales (Cnmacf). Seul un groupe de travail informel s’est monté entre nous et Annick Bouquet (ndlr : co-présidente de la commission « Education, jeunesse et petite-enfance » de France urbaine), avec des élus, afin de dresser un état des lieux et faire des propositions à la DGCS et aux cabinets ministériels. Mais en l’absence de réponse on risque d’être découragés ».

Dans le département des Alpes-Maritimes, à l’initiative de la Protection maternelle et infantile (PMI) et de la Caisse d’allocations familiales (CAF), un réseau des services d’accueil familial (SAF) a été créé en 2023.
 

Un réseau en PACA

Objectif : lutter contre le déclin des structures et la chute du nombre d’assistantes maternelles, analyser le phénomène et créer une émulation pour le contrer. Actuellement, 14 SAF sont ouverts dans le département, dont 13 communaux et un associatif.

« Nous constatons que même si les crèches ne ferment pas à proprement parler, elles vivotent, avec une, deux ou trois assistantes maternelles, et les communes sont en difficulté pour leur proposer une autre solution » explique Julia Veuvas, responsable du relais départemental petite enfance, rattaché à la PMI.

État des lieux

Perte d’attractivité des SAF, baisse du nombre d’assistantes maternelles, méconnaissance de ce mode d’accueil par les familles, manque de clarté sur le statut juridique : les causes du déclin sont multifactorielles et ont pu être mises en évidence par un état des lieux.

Reste la question du coût de fonctionnement des structures : est-il un frein majeur ? « Dans une enquête effectuée auprès de douze services répondants, nous retrouvons d’importantes variations de salaire selon les gestionnaires, décrit Emmanuelle Jurca-Gama, référente technique accueil du jeune enfant et parentalité de la PMI. Certains gestionnaires peuvent proposer de nombreux avantages : tickets restaurant, remboursement du parking, indemnités kilométriques, priorité pour l’obtention de logements sociaux ».

Cette enquête ne conclut ni à un coût des SAF plus cher, ni plus économique par rapport à des structures collectives. « Nous observons que le coût d’un SAF est plus élevé s’il emploie peu d’assistantes maternelles, donc dispose d’une faible capacité : ce coût s’explique par les salaires des équipes d’encadrement. Par exemple, une petite crèche familiale dont la capacité n’est que de 10 places par exemples requiert un demi-poste en direction, soit autant que si sa capacité est de 30 places » poursuit Emmanuelle Jurca-Gama.
 

Salaire et accompagnement

L’étude montre que la rémunération nette annuelle pour les assistantes maternelles varie de 21600 à 39560 euros selon les SAF. « La crèche familiale offre une garantie de salaire avec un accompagnement professionnel de proximité et la décharge de la partie administrative, indique-t-elle. Pour les gestionnaires, dans un département où le prix du foncier est élevé, elle peut être attractive en ne nécessitant pas une infrastructure répondant à l’intégralité du référentiel bâtimentaire, au contraire des structures d’accueil collectif. Les locaux d’une crèche familiale peuvent aussi être mutualisés avec d’autres types d’établissements (lieux d’accueil enfant parent, relais petite enfance, etc).

L’animation du réseau inclut deux rencontres annuelles au sein des SAF, des temps d’échanges en visio sur les réformes réglementaires, l’optimisation du fonctionnement ou l’obtention de financements. Une liste de leviers d’action a été dressée, parmi lesquels des mesures d’attractivité pour les assistantes maternelles, le renforcement de la communication auprès des familles mais aussi des élus, qui peuvent méconnaitre ce mode d’accueil.
 

Rôle des autorités organisatrices

Cette initiative pourra-t-elle inspirer les futures autorités organisatrices du service public d’accueil du jeune enfant, alors que des fonds sont disponibles au sein de la branche famille pour soutenir les crèches familiales ? Dans seulement six mois, les communes et intercommunalités prendront la compétence de l’organisation des modes d’accueil.