Des scientifiques japonais à la recherche du câlin idéal pour les bébés
Il peut sembler un peu à contre-courant de parler de câlin à l’heure où les contacts physiques sont à limiter, en particulier entre les assistantes maternelles et les enfants accueillis. Mais des chercheurs de l’université Toho, à Tokyo, ont fait le choix de rechercher la recette du câlin parfait pour les nourrissons. Le secret ? Ne pas le serrer trop fort.
Le rythme cardiaque étudié dans plusieurs situations
Dans une étude publiée le 6 avril dernier dans la revue scientifique Cell, l’équipe a mesuré l’effet apaisant de câlins prodigués par des parents à 53 bébés (28 garçons et 25 filles), âgés de 58 à 342 jours. Les chercheurs ont comparé les réactions des nourrissons dans plusieurs situations (avec leurs parents et avec des personnes inconnues), en mesurant leur rythme cardiaque via des capteurs, en fonction de la pression dans les mains des adultes : simplement tenus, avec une pression moyenne ou serrés forts.
Le câlin « parfait » : pas trop serré, avec un parent et pas trop longtemps
Est ressortie de cette étude la « recette » du câlin « parfait ». Les bébés étaient plus apaisés par un câlin à pression moyenne qu’en étant simplement tenus, alors que l’effet apaisant diminuait durant un câlin « serré ». Les nourrissons de plus de 125 jours étaient plus apaisés si le câlin venait d’un parent plutôt que d’une femme inconnue. Enfin, le câlin doit durer un maximum de 20 secondes, car il est « quasiment impossible d’éviter les sautes d’humeur d’un enfant durant un câlin d’une minute ou plus ».
Des perspectives scientifiques plus larges
Ces travaux, les premiers à avoir pu mesurer l’effet physiologique d’un câlin avec un bébé, pourraient aussi aider à faire progresser les connaissances sur le lien parent-enfant ainsi que sur la psychologie infantile. Les auteurs estiment même que l’étude pourrait servir dans la détection précoce de l’autisme. « Les enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ont des difficultés d’intégration sensorielle et de reconnaissance sociale. Par conséquent, notre simple étude sur les câlins peut être utilisée dans la détection précoce des fonctions autonomes (non soumises au contrôle volontaire), de l’intégration sensorielle et du développement d’une reconnaissance sociale chez des enfants issus de familles à risque pour le TSA », écrivent-ils.
Les câlins, vitaux pour le bon développement des nourrissons
Le caractère vital des câlins, et plus généralement du contact physique, en particulier avec leur figure d’attachement de référence (la mère), sur le développement des bébés sont bien connus depuis les travaux du pédiatre et psychanalyste américain John Bowlby, père de la « théorie de l’attachement », dans les années 1950.
Une approche depuis confirmée par les neurosciences, pour qui les gestes tendres provoquent des réponses neurochimiques spécifiques dans le cerveau du bébé. Lors des câlins, le corps humain sécrète plusieurs types d’hormones : l’endorphine l’hormone du plaisir, du bonheur et du bien-être) ainsi que de l’ocytocine (l’hormone de l’attachement). Mais aussi de la sérotonine et de la dopamine, des antistress naturels à effet sédatif. Selon le généticien canadien Michael Meaney, un nouveau-né câliné produit une importante quantité de récepteurs qui lui permettra de réguler son stress avec beaucoup plus de facilité. Les câlins procurés au bébé vont même jusqu’à améliorer l’information génétique de celui-ci (épigénétique) et renforcent le système immunitaire.
Câliner les nourrissons et les petits enfants sans modération est d’autant plus important que c’est dans les trois premières années de la vie que le cerveau se développe à 90 % de sa taille à l’âge adulte. La tendresse, premier geste barrière contre les agressions de la vie ?