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Développement des modes d’accueil : un élément moteur de la natalité ?

Développement des modes d’accueil : un élément moteur de la natalité ?
Publié le 24/07/2024
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Dans la revue Informations sociales, chercheurs et experts explorent l’impact des politiques familiales sur la natalité : la question des modes d’accueil y apparait centrale.

Alors que la baisse historique des naissances en 2023 en France a fait prendre conscience du recul mondial de la natalité, le dernier numéro de la revue Informations sociales publié par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) interroge l’effet des politiques familiales sur le taux de fécondité.

Parmi les éléments qui composent ces politiques figurent les aides financières aux familles, les congés parentaux et les modes d’accueil.

Effet positif et durable

« En général, l’augmentation du nombre de structures publiques d’accueil pour les enfants âgés de moins de trois ans et la réduction de leur coût pour les familles ont un effet positif et durable sur la fécondité. Cela paraît particulièrement évident tant dans les pays nordiques que dans les pays d’Europe centrale » écrit la sociologue italienne Chiara Saraceno dans un article consacré aux pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

Elle relève également que des modes d’accueils publics financièrement accessibles produisent un impact positif plus important sur la fécondité des femmes ayant de faibles ressources, comme ce fut le cas en Suède où la fécondité des femmes peu qualifiées a augmenté quand les frais des crèches ont baissé. La chercheuse suggère donc de privilégier le développement de l’accueil des jeunes enfants « plutôt que la rémunération de très longs congés parentaux ».
 

Stabilité des modes d’accueil

Les chercheuses Lidia Panico et Anne Solaz concluent quant à elle à des résultats variables entre le niveau de l’offre d’accueil et la hausse de la fécondité selon les pays. Elles relèvent toutefois qu’une étude comparative européenne de 2017 montre que « jouer sur l’offre nationale des modes d’accueil formel a un impact positif sur la probabilité que les femmes en emploi aient un deuxième enfant, alors que d’autres types de politiques publiques, tels que les dispositifs de congés ou les allocations, n’ont pas d’effet ».

Autre élément constaté : l’arrivée plus rapide de l’enfant suivant lorsque le premier enfant est accueilli en crèche plutôt que par une assistante maternelle. « Cependant, le niveau de fécondité ultérieure est inchangé. Ces résultats soulignent donc plutôt l’importance, pour les parents, d’avoir accès à des modes d’accueil stables et formels pour être libres de déterminer le moment où ils prendront la décision d’agrandir leur famille » écrivent-elles.
 

Effort sur l’accueil individuel

Interviewé par la revue, Michel Villac, président du conseil de la famille du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) de 2016 à 2023, voit le renforcement des modes d’accueil comme une des priorités de la politique familiale à venir. Dans la perspective du Service public de la petite enfance, outre les crèches, « un effort doit porter sur l’offre la plus importante et la mieux répartie sur le territoire : l’accueil par les assistantes maternelles » estime-t-il.

« Concrètement, cela suppose par exemple un soutien à la création de maisons d’assistantes maternelles (MAM), de répondre à la crise de la profession, de renforcer la formation, etc. Un effort accru en matière de qualité et d’accompagnement des professionnels doit être mené dans une logique de développement et de socialisation de l’enfant » ajoute-t-il.