Enfants et covid-19 : quel degré de vulnérabilité ?
Une vaste étude internationale a été lancée fin mars, sous l’égide de l’Alberta Children’s Hospital de Calgary (Canada). Y prendront part 12 500 mineurs de moins de 18 ans admis aux urgences en raison de maladies respiratoires, dont 40 % atteints du covid-19 et 60 % d’autres pathologies respiratoires, dans 14 pays et 50 hôpitaux pour enfants. Chaque enfant sera suivi pendant 90 jours, durant lesquels plusieurs variables seront analysées : antécédents de voyage, expositions à des facteurs externes, symptômes, résultats de laboratoire, radiographies, traitement et résultats. Objectif : comprendre comment le coronavirus affecte les enfants et déterminer le meilleur traitement à leur administrer en cas de contamination.
Les plus jeunes relativement épargnés par la maladie
Depuis l'apparition du covid-19 fin décembre en Chine, les cas rapportés d'enfants contaminés sont jusqu'ici restés limités. Selon le rapport de la mission conjointe Chine-OMS publié fin février, seuls 2,4% des cas alors confirmés en Chine concernaient des moins de 18 ans. Seuls 2,5% de ces mineurs avaient développé une forme grave et 0,2% une forme critique de la maladie. Les dernières données publiées par Santé Publique France (chiffres arrêtés au 15 mars), font, elles, état de 2 % des cas confirmés et environ 1 % des cas en réanimation parmi les moins de 15 ans. Aucun décès n'était à déplorer dans cette tranche d'âge. Des chiffres corroborés par ceux des autres pays touchés.
Une série de décès qui fait basculer les certitudes
De manière globale, on pensait donc les plus jeunes asymptotiques ou sujets à des symptômes bénins. Des certitudes remises brutalement en question par une série de décès de mineurs, en France et à l’étranger. Julie, a priori en bonne santé, décédée à 16 ans ; deux enfants de 6 et 3 ans morts en Iran (le plus jeune souffrant toutefois d'une leucémie) ; une fille de 13 ans décédée au Panama ; un garçon de 18 ans, un bébé de moins d’un an et autre de six semaines aux Etats-Unis… Un rappel dévastateur que le virus n’épargne personne, quel que soit son âge.
De l’avis des spécialistes, si l'on voit des cas rares se multiplier, c'est aussi parce que l'épidémie touche énormément de personnes. D’où la multiplication des exceptions… qui confirment toutefois la règle.
Des cas critiques rares, mais pas impossibles
Une étude menée auprès de 2 143 enfants chinois et publiée fin février 2020 dans la revue Pediatrics confirme que si les formes d'infection sévère sont plus rares chez les jeunes, elles ne sont pas impossibles. Quatre-vingt-quatorze enfants étaient asymptomatiques. Dans 94 % des cas, la maladie était peu sévère (d’asymptomatique à modérée). Parmi les 112 cas sévères, 60 % avaient moins de 5 ans et 30 % moins de 1 an. Et parmi les 13 cas critiques, 7 avaient moins de 1 an. Un adolescent de 14 ans est décédé.
Une autre étude, publiée dans la même édition de Pediatrics, conclut à 13 % d’asymptomatiques parmi les cas confirmés. Parmi les enfants symptomatiques, 5 % souffraient de souffrance respiratoire (un pourcentage sensiblement inférieur à ce qui a été rapporté pour les adultes) et 0,6 % ont évolué vers une détresse respiratoire aiguë ou multi-organique (taux également inférieur à celui observé chez les adultes). Cependant, l’étude montre que les enfants d'âge préscolaire et les nourrissons sont plus susceptibles de manifestations graves que les plus âgés.
53% des enfants infectés développent une pneumonie
Des chercheurs canadiens ont publié le 25 mars dans The Lancet un rapport clinique de 36 patients chinois âgés de 1 à 16 ans. Ont été passés au crible gravité des symptômes, durée d’hospitalisation, infection bactérienne, septicémie, réponses immunitaires et dysfonction d'organes vitaux. Si aucun n'a développé de forme grave, la survenue d’une pneumonie était rapportée chez 53 % d’entre eux.
Incertitude sur les causes de cette protection
A quoi doit-on la relative immunité des plus jeunes ? Les scientifiques sont partagés. Certains évoquent leur système immunitaire beaucoup plus performant, du fait des vaccinations et des infections répétitives en collectivité. D’autres avancent l’absence de finalisation totale de leur système pulmonaire, qui empêcherait le virus d’y pénétrer. D’autres encore, la protection accrue de leurs parents.
Autant de questions que cette étude pourrait arriver à élucider.