Les bébés mémorisent mieux dans une humeur constante
Comment expliquer que les nourrissons semblent parfois ne plus savoir ce qu'ils ont appris peu de temps avant ? Ou bien, à l’inverse, qu’ils fassent preuve, à d’autres moments, d’une mémoire impressionnante ?
La réponse tient peut-être dans les résultats d’une étude menée par des chercheurs de l'Université de la Ruhr (Allemagne) auprès de 96 bébés de neuf mois, et publiée le 19 août dernier dans la revue Child Development.
Un groupe agité, un groupe calme
Les scientifiques sont partis du principe, prouvé par de précédentes études, que les humeurs des adultes affectaient leur pensée. Ils ont divisé les enfants (tous issus de la classe moyenne ou moyenne-supérieure allemande) en deux groupes tests. Dans le premier, les parents devaient jouer avec eux, pendant cinq minutes, de la manière la plus animée possible : sauts, jeux de balançoire, chatouilles… Dans le second, ils devaient, au contraire, les occuper de manière calme : lecture d’histoires, câlins…
Trois actions à mémoriser
Dans un second temps, un chercheur a passé du temps avec les tout-petits, en leur apprenant à effectuer trois manipulations simples à partir d'une marionnette à main. D’abord, enlever la moufle d’une des mains de la marionnette. Ensuite, la secouer trois fois, pour faire sonner une clochette cachée à l’intérieur. Enfin, replacer la moufle sur la main de la marionnette. Le tout sans commenter ces actions et en retirant la marionnette de la vue des enfants immédiatement après.
Etat d’esprit changeant ou non
Un quart d’heure plus tard, les enfants, dans chacun des deux groupes cadrés, étaient replacés en présence de la marionnette. La moitié a été remise dans le même état d’esprit que lors de l'apprentissage, tandis que l'autre moitié était placée dans un état d'esprit différent. Objectif : savoir s’ils étaient capables d’imiter les manipulations observées dans ces contextes respectifs.
Les fluctuations de l’humeur grèvent les apprentissages
Constatation des chercheurs : les tout-petits qui étaient d'humeur égale parvenaient à reproduire l'activité avec la marionnette. A l’inverse, ceux qui avaient changé d’état d’esprit par rapport à auparavant n'y arrivaient pas. « Cela montre que les fluctuations de l'état interne à cet âge peuvent empêcher l'accès au contenu de la mémoire », explique la professeure Sandrine Seehagen, spécialiste de la psychologie du développement et auteure principale de l'étude.
Des pistes d’application concrètes
Ces résultats peuvent donner un coup de pouce aux parents et éducateurs pour comprendre pourquoi tel enfant oublie certaines choses et pas d'autres. Mais également aider les tout-petits à assimiler plus et plus rapidement, en cultivant un degré de stimulations stable (dans les activités proposées, mais aussi dans l’environnement).
Les chercheurs soulignent cependant que leur recherche, réalisée avec des bébés d'une seule tranche d'âge, demeure partielle et nécessite d’être approfondie.