Les erreurs de gouvernance entraînent de lourdes difficultés pour les assistantes maternelles
Des professionnelles de MAM non couvertes par leur assurance dans la situation actuelle, faute de décret bien rédigé ; des services de PMI incapables de donner des indications précises aux nombreuses questions soulevées par la situation actuelle – priorisation des accueils, arrêt de l’activité, interprétation des textes ; des assistantes maternelles qui se sont débrouillées depuis le début de la semaine comme elles ont pu ; des organisations représentatives assaillies de questions par leurs adhérentes...
Face à cette situation critique, complexe, difficile et lourde, le secrétaire d’État à l’Enfance et aux Familles ne semble pas prendre la mesure du malaise qui s’installe. De nombreux témoignages remontent pourtant à L’assmat de professionnelles estimant que le gouvernement les prend pour des « serpillères », la « dernière roue du carrosse », les « oubliées ». La colère est immense et d’autant plus profonde que les leçons du premier confinement n’ont pas été retenues. Le cafouillage de mars 2020, un an après est-il explicable ? Justifiable ?
Sourd aux critiques
Le cabinet d’Adrien Taquet ne reconnaît pour sa part aucune erreur, faisant savoir hier à L’assmat que dès samedi 3 avril, le décret portant mesures générales face à l’épidémie de COVID-19 et les recommandations DGCS relatives aux modes d’accueil du jeune enfant ont été publiés. Commencer l’histoire le 3 avril, c’est toutefois omettre les deux jours de panique qui ont suivi l’imprécision présidentielle, quand Emmanuel Macron oublia de citer les assistantes maternelles lors de sa déclaration du 31 mars annonçant le renforcement des mesures sanitaires.
Par ailleurs, ni la parution du décret, ni les recommandations n’ont été de nature à rassurer les professionnelles, notamment celles exerçant en MAM. L’association MAM 29 a ainsi lancé un « appel au secours » hier au gouvernement après l’alerte de certaines professionnelles, faisant part du refus de leur assureur de les couvrir en raison de l’écriture du décret du 2 avril. « Nous demandons des précisions à la PMI, qui ne peut pas nous en donner, décrit Emilie Leroux, présidente de l’association MAM 29. Les MAM à qui l’assureur refuse les garanties ne peuvent prendre le risque d’exercer en ce moment. Nous demandons seulement de la clarté, faute de quoi nous sommes empêchées de travailler ».
Copier/coller de textes ambigus
Mais le cabinet d’Adrien Taquet dénie tout manquement à la clarté. Il s’appuie même sur le décret du 23 mars 2020 qui avait pourtant déjà donné lieu à confusion. « Les deux textes du 2 avril 2021 donnent les mêmes consignes que celles qui avaient été diffusées lors du premier confinement (décret du 23 mars 2020 et recommandations du 1er avril 2020) » écrit-il. « Ce parallélisme avec les textes du premier confinement devrait faciliter l’interprétation à en retenir » poursuit-il, restant sourd aux multiples alertes sur le sujet.
La foire aux questions diffusée hier par la DGCS sera-t-elle de nature à lever les ambiguïtés ? Certaines oui, d’autres non. « Pour l’exercice en MAM, ce n’est toujours pas clair car des recommandations et une foire aux questions n’ont pas valeur de loi. Leur copier-coller du précédent décret qui était déjà mal rédigé laisse perdurer l’ambiguïté. Nous n’aurions pas dû nous retrouver dans cette situation » estime Marie Legendre, présidente de l’Anramam.
Pourquoi tant de confusion ?
Les mouvements internes au sein de la DGCS sont-ils responsables de cette gestion de crise calamiteuse ? (ndlr : l’ancien chef du bureau des familles et de la parentalité Pierre-Yves Manchon a quitté récemment ses fonctions, il sera remplacé par Marie Lambert, ancienne conseillère Enfance, Famille, Jeunesse de l’Uniopss) ? Le gouvernement n’a-t-il fait aucune projection sur la « troisième vague » afin d’anticiper les difficultés pour les professionnels et les familles ? Est-ce le signe d’une méconnaissance abyssale du fonctionnement de l’accueil individuel ? Ou, comme beaucoup de professionnelles le pensent, d’un mépris ? Le cabinet d’Adrien Taquet ne communiquant que de manière extrêmement rare et laconique auprès de L’assmat, ces questions restent ouvertes.
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