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Les selles des bébés contiennent dix fois plus de microplastiques que celles des adultes

Les selles des bébés contiennent dix fois plus de microplastiques que celles des adultes
Publié le 12/10/2021
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Les selles des nourrissons sont dix fois plus chargées en microplastiques que celles d’un adulte. La faute à un environnement saturé de ces matières. Qui sont aussi des perturbateurs endocriniens…

On savait les couches des nourrissons pas très propres, mais pas à ce point-là… Les excréments des tout-petits contiendraient dix fois plus de microplastiques que celles des adultes. C’est ce qu’il ressort d’une étude américaine publiée dans la revue scientifique ACS Publications le 22 septembre dernier. De quoi tirer la sonnette d’alarme, quand on sait que ces matériaux sont aussi de puissants perturbateurs endocriniens.
 

Du polytéréphtalate d’étylène (PET) en quantité

Les scientifiques ont passé au crible les matières fécales de six enfants d’un an, de trois nouveau-nés et de dix adultes. Ils ont volontairement exclu le polypropylène, un plastique utilisé dans les couches, afin de s’assurer de limiter leurs investigations aux intestins des nourrissons. En moyenne, ils ont trouvé 36 000 nanogrammes de polytéréphtalate d’étylène (PET) par gramme de matières fécales. Soit dix fois la quantité trouvée dans celles des adultes. Ils en ont même détecté dans les premières selles des nouveau-nés. Ce qui indique qu’ils en ont absorbé avant même leur naissance. Une découverte qui vient confirmer les résultats d’une autre étude, publiée dans la revue Environment International en janvier 2021 et qui relevait la présence de ces molécules dans le placenta de nouveau-nés, du fait de leur ingestion ou de leur inhalation par la mère lors de la grossesse.

Une exposition au quotidien à des molécules toxiques

Ces molécules, invisible à l’œil nu, sont, de fait, omniprésentes dans l’environnement du tout-petit. Ils y sont, d’abord, exposés en buvant au biberon. Comme l’avait démontré une étude parue dans la revue Nature Food en octobre 2020, un bébé avale chaque jour en moyenne plus d’un million de microparticules de plastique détachées de son biberon, du fait de l’érosion du matériau qui compose le biberon, sous l’effet de la chaleur. On retrouve aussi des microplastiques dans les aliments pour bébés emballés dans des plastiques à usage unique, ainsi que dans les gobelets et assiettes spécial bébés…  Les nourrissons peuvent aussi ingérer des microplastiques en mettant à la bouche jouets, tissus synthétiques divers (le polyester contenant aussi des microparticules de plastique), doudou… Sans compter les tapis d’éveil, qui contiennent souvent du polyester. Autant d’objets susceptibles de générer de minuscules particules, que les enfants respirent ou avalent au quotidien.
 

Des dangers potentiels pour la santé des enfants

Une exposition qui inquiète pour la santé et le développement de l’enfant. Laquelle pourrait être affectée par les perturbateurs endocriniens présents dans les plastiques. Ceux-ci ont une incidence sur le système hormonal et pourraient même, à terme, favoriser l’apparition de cancers. La crainte des scientifiques : que ces microparticules traversent la paroi intestinale et viennent se loger dans d’autres organes, tels que le cerveau. Des études complémentaires devraient venir mesurer leurs effets dans le corps des nourrissons, afin d’évaluer plus précisément les risques pour leur santé.
 

Des précautions élémentaires pour limiter le plastique autour des bébés

En attendant, pour limiter au minimum l’ingestion de microplastiques par les bébés, il est conseillé d’utiliser des contenants en verre, en bois, en faïence ou en porcelaine. De privilégier les matières naturelles (coton bio, bambou…) pour leurs vêtements, doudous ou tapis d’éveil. Ainsi que les jouets en carton ou en bois.