Petite enfance : le secteur fortement déçu par les annonces gouvernementales
« En annonçant 200 000 nouvelles places dans un contexte très tendu du secteur de la petite enfance, le gouvernement montre une fois de plus qu’il n’en a rien à faire des besoins du jeune enfant et des professionnel·les », s’indigne le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) dans un communiqué publié hier.
Dans la rue le 6 juin
Comment créer ces places d’ici 2030 avec 10000 professionnels de crèche manquants et le départ de 120 000 assistantes à la retraite d’ici 2030 ? Le SNPPE « attend des actes » et sans réponse rapide du gouvernement « n’hésitera pas à multiplier les appels à la mobilisation ».Il rejoint déjà l’appel à la grève et aux rassemblements ce 6 juin, jour de mobilisation contre la réforme des retraites, par Pas de bébé à la consigne.
Dans un communiqué publié ce matin, le collectif annonce maintenir son appel à manifester après des annonces qui « laissent le monde de la petite enfance sur sa faim », alors que « le gouvernement n'a manifestement pas repris à son compte, dans toute son étendue, la nécessité de réponses globales qualitatives et quantitatives pour un véritable service public de l'accueil de la petite enfance, ouvert à tous les bébés et bien‐traitant envers chacun ».
La Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (Fneje) abonde : « la France ne prend toujours pas un virage à 180° dans sa politique petite enfance pour changer de paradigme. La politique de l’offre ne peut plus être la réponse à la crise du secteur. Promettre 100 000 places pour 2027, c’est tout simplement irréaliste ».
Édifice sans fondations
Côté assistantes maternelles, la déception est immense, avec le sentiment que des mois de travail avec le comité de filière n’ont pas beaucoup servi. « Il ne sera pas possible de créer 200 000 places sans revaloriser les professionnels, c’est comme vouloir créer un bel édifice sans les fondations, estime Sandra Onyszko, porte parole de l’Ufnafaam. D’autant que le projet de transformer les RPE en service mandataire, prévu dans le projet de loi plein emploi, ne répond pas du tout aux attentes des assistantes maternelles et risque de les faire fuir encore davantage ».
Quid de l’enveloppe pour les salaires ?
Même déception du côté de la Cgt Assmat : « Le discours était très évasif sur toute la partie qui nous intéressait, à savoir la façon dont les 5,5 milliards d’euros seront fléchés, réagit Stéphane Fustec, représentant national. La première ministre a renvoyé la question de la revalorisation des professionnels à plus tard et au premier ministre, nous devrons être très attentif au rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) à venir sur le sujet, car le montant de l’enveloppe consacrée aux salaires qui nous a été annoncée à ce stade ne s’élève car 500 millions, ce qui n’est vraiment pas grand chose ».
Beaucoup d’absences
Si le collectif Parents & Féministes salue des « annonces intéressantes », il regrette toutefois l’absence de mesures sur les congés parentaux, sur les salaires des professionnels de la petite enfance et l’abandon du droit opposable à la garde d’enfants. « Nous appelons le gouvernement à remettre au centre l’égalité entre les femmes et les hommes, dans l’intérêt de tous y compris des enfants : revalorisation des congés parentaux avec extension du congé paternité, revalorisations des métiers de la petite enfance, plan de rattrapage de l’État dans les territoires sous-dotés » écrit-il.
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