Rapport du HCFEA : réactions mitigées des assistantes maternelles
Si la plupart des représentantes de la profession saluent certaines ambitions portées par le dernier rapport sur qualité affective, éducative et sociale des modes d’accueil de la petite enfance du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) – renforcer la qualité d’accueil par le biais de la formation continue, accéder à des temps de réflexivité professionnelle – elles expriment toutefois des réserves.
La première porte sur le renforcement des obligations des assistantes maternelles, notamment l’affiliation obligatoire à un RAM. « Certes, cela ne signifie l’obligation de fréquentation, mais tout ce qui prend un caractère contraignant ne va pas forcément dans le bon sens, estime Sandra Onyzsko, porte-parole de l’Ufnafaam. D’abord parce que les assistantes maternelles peuvent vouloir se former en dehors des RAM, ensuite parce que les RAM ne sont pas tous en capacité de recevoir de nombreuses professionnelles, enfin parce qu’aller au RAM doit rester un plaisir ».
La justification d’une participation à deux demi-journées de formation continue pour obtenir son renouvellement d’agrément, par le biais des RAM, ne fait pas l’unanimité. « Il ne faut pas oublier que certaines professionnelles n’ont pas de RAM de rattachement ou ne sont pas véhiculées, précise Liliane Delton, secrétaire générale de l’UNSA Pro-assmat. Il faut de la souplesse et privilégier l’incitation à l’obligation pour toutes ces mesures, notamment pour l’analyse des pratiques qui est très intéressante ».
Le Spamaf reste le syndicat le plus hostile à l’accroissement du rôle des RAM, estimant que « le rapport constitue une porte ouverte à l’augmentation de toutes les dérives liées au Ram », dénoncées « depuis bien longtemps » par le syndicat. « Au lieu de proposer des formations obligatoires aux assistantes maternelles via le Ram, pourquoi ne pas proposer des formations obligatoires aux parents, afin qu’ils connaissent mieux leurs devoirs d’employeurs, et le statut spécifique des assistantes maternelles, statut qui a été sorti du code du travail, au lieu de laisser sous-entendre que tous les problèmes de la profession découlent du manque de formation des assistantes maternelles ?» interroge Lydia Loisel, secrétaire générale.
Le SPAMAF préconise plutôt de permettre aux professionnelles de pouvoir travailler en binôme en bénéficiant de la dérogation, « pour leur permettre sur leurs heures de travail d’avoir accès aux formations agrées, adaptées à leur métier et leur besoin d’évolution professionnelle ».
De son côté, l’Anamaaf salue un rapport qui « dans l’ensemble émet de très bonnes propositions » estime Marie-Noëlle Petitgas, co-présidente. « Mais si les Ram voient leur mission sur la formation augmenter, il faudra leur en enlever d’autres, comme celles portant sur l’information, car ils ne pourront pas tout faire. Mais surtout, ce qui nous intéresse c’est la question des moyens : car la faisabilité financière des mesures proposées reste en suspens ».
Ces représentants attendent désormais de savoir quel impact aura ce rapport et comment il s’articulera avec les ordonnances issues de la loi ESSOC, qui s’apprêtent à redéfinir le cadre normatif des modes d’accueil.