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Un spot télévisé contre les violences éducatives ordinaires

Un spot télévisé contre les violences éducatives ordinaires
Publié le 29/10/2021
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Une campagne multimédia de sensibilisation aux violences éducatives ordinaires a été lancée le 26 octobre. En effet, et en dépit de l’interdiction de celles-ci en 2019, leur définition et leurs conséquences néfastes sur les enfants sont encore peu connues de nombre de parents

La violence éducative ordinaire (VEO) se définit comme la violence (physique, psychologique ou verbale) – à savoir les claques, fessées, tapes, mais aussi les menaces ou les humiliations - utilisée envers les enfants au prétexte de leur éducation. Une violence encore communément admise et tolérée, non assimilée à une quelconque maltraitance. D’où sa définition d’« ordinaire ».
 

Un spot volontairement marquant

C’est pour lutter comme cette violence qui ne dit pas son nom que l’association Stop VEO et la Fondation pour l'Enfance ont lancé, le 26 octobre dernier, une campagne multimédia. Un mini-film, intitulé « Un dialogue » d’un peu plus d’une minute, accessible, depuis cette date, sur Internet, puis, à partir du 2 novembre et pendant deux mois, sous un format de 30 secondes, à la télévision.

Le scénario : un père de famille découvre que son fils a dessiné sur plusieurs murs de la maison. Très en colère, il appelle violemment ce dernier… qui se révèle en fait être un adulte d'une trentaine d'années. D’un coup, le ton du père change radicalement. Il lui explique doucement que les murs sont durs à nettoyer et lui propose de continuer ses œuvres sur une feuille de papier, ce que « l’enfant » accepte.

Objectif de l’opération : montrer qu’avec un enfant comme avec un adulte, le dialogue est le meilleur moyen de résoudre un problème ou un conflit. « Et si on imaginait que nos enfants étaient plus forts que nous ? », conclut d'ailleurs la vidéo.

Une loi encore peu suivie d’effets

Pourtant, les VEO ne devraient plus être qu’un mauvais souvenir depuis la loi du 2 juillet 2019, qui dans son article 1 stipule : « L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ». Par le vote de cette loi dite « anti-fessée », la France est devenue le 55ème pays du monde à légiférer contre la VEO.

Une interdiction qui demeure toutefois symbolique, aucune sanction n’étant prévue pour les parents contrevenants. Selon une étude AFPA / mpedia / Fondation pour l’enfance en date de mai 2021, ils sont 33 % à ne pas être au courant de la législation en vigueur. Et selon la Fondation pour l’enfance, 87 % des parents français admettent exercer des violences physiques sur leurs enfants.
 

La VEO : des effets potentiellement dévastateurs chez l’enfant

Or, pour ordinaire qu’elle soit, la VEO est tout, sauf anodine. Comme l'explique auprès du Parisien le docteur Gilles Lazimi, coordinateur de cette campagne, ce geste peut-être la porte d'entrée vers d'autres violences et des troubles chez l'enfant : « A moyen et long terme, si ces gifles et fessées sont répétées, cela provoque des difficultés dans les relations entre les parents et les enfants, une baisse de l’estime de soi, des capacités d’apprentissage à l’école et, on le sait, augmente le risque de toxicomanie », alerte-t-il.

Quant à Olivier Maurel, fondateur de l'Observatoire de la VEO (OVEO), il dénonce, dans La Dépêche, des effets importants sur la santé physique des enfants, via l’envahissement de l’organisme de l’enfant par les hormones du stress. Avec à la clé, des retentissements toxiques sur le cerveau, ainsi que sur les systèmes digestif et immunitaire, mais aussi sur la santé mentale et sur les comportements des enfants (agressivité ou, à l’inverse, soumission excessive).
 

Comment trouver des alternatives éducatives bienveillantes ?

Il s’agit alors, pour les parents (mais aussi pour les éducateurs) de trouver des solutions non violentes adaptées. L’étude AFPA / mpedia / Fondation pour l’enfance porte quelques pistes. A la question : « Qu'est-ce qui, selon vous, pourrait vous aider à appliquer une éducation plus bienveillante ? », 66 % des parents évoquent « des astuces et conseils pratiques pour mieux gérer les situations à risques » et 43 % « des ateliers de soutien à la parentalité avec des professionnels de santé et de petite enfance ». Les assistantes maternelles ont peut-être une carte à jouer en la matière ?