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Une quantité de sommeil inadaptée à 2 ans augmente le risque de troubles de la vision à 5

Une quantité de sommeil inadaptée à 2 ans  augmente le risque de troubles de la vision à 5
Publié le 29/06/2021
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Une durée de sommeil nocturne trop faible ou trop importante à l’âge de 2 ans est associée à un risque accru de porter des lunettes trois ans plus tard. C’est ce qu’il ressort des conclusions d’une récente étude d’une équipe de l’Inserm.

Pour préserver la vision des enfants, leur faire adopter une bonne hygiène de sommeil dès le plus jeune âge pourrait être bénéfique. En témoigne une récente étude, publiée le 27 avril dernier dans la revue Nature par une équipe du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques (CRESS) de l’Inserm et publiée le 27 avril dernier dans la revue Nature.
 

La myopie en hausse croissante dans le monde

Les chercheurs sont partis d’une double constatation.

Primo, un nombre croissant de cas de myopie est recensé dans le monde. L’incidence de cette pathologie de la vision, actuellement estimée à 25 % de la population, pourrait doubler d’ici 2050. A la clé, un lot de complications : difficultés d’apprentissage ou de travail, céphalées, contraintes liées au port de lunettes… Connaître les causes de cette tendance permettrait de mettre en place des actions préventives pour tenter de l’inverser.

Secundo, les études menées sur l’animal (le poussin), montrent si l’on perturbe son rythme circadien (qui régule le fonctionnement de l’organisme sur un cycle de 24 heures), il manifeste des troubles de la vision. Hypothèse des scientifiques : des troubles du sommeil pouvaient être également associés à des problèmes de vision chez les enfants.
 

1 130 enfants suivis entre l’âge de 2 à 5 ans

Pour tester cette possibilité, l’équipe a travaillé avec 1 130 enfants de la cohorte Eden. Un groupe d’études composé d’enfants suivis depuis le dernier trimestre de grossesse jusqu’à l’âge de 5 ans - voire 10 pour certains d’entre eux - et portant sur le développement psychomoteur et la santé de l’enfant. Ils ont compulsé des données fournies au fil du temps par leurs parents et renseignant notamment sur les habitudes de sommeil des enfants à l’âge de 2 ans et sur la qualité de leur vision à 5 ans (port de lunettes pour myopie, hypermétropie ou autre trouble de la vision). Un enfant sur 5 portait des lunettes à cet âge.
 

Lien de corrélation direct avec anormalité du sommeil et troubles de la vision

Les travaux ont révélé une association en forme de U entre sommeil et vision. Les enfants qui dormaient peu à l’âge de 2 ans avaient plus de risque d’avoir des lunettes à 5, tout comme ceux qui dormaient beaucoup. Concrètement, alors que la durée moyenne de sommeil nocturne est de 11 heures et 5 minutes à l’âge de 2 ans, ceux qui dormaient moins de 10 heures et 45 minutes avaient un risque de porter des lunettes accru de 43 % à 5 ans. Un surrisque qui montait à 49 % pour le tiers des plus gros dormeurs. Un résultat similaire a été noté chez ceux qui se couchent tardivement à 2 ans (heure moyenne de coucher recensée : 20h36).

Le temps d’écran, élément aggravant du phénomène

Ces associations se renforcent encore si on les corrèle à d’autres facteurs, en particulier le temps passé devant les écrans (un facteur de risque de myopie déjà connu). À 5 ans, ce temps d’écran s’élevait à 1 heure et 24 minutes par jour en moyenne dans la cohorte. Avec un risque de porter des lunettes augmenté de 23 % par heure d’écran, indépendamment de la durée de sommeil. De manière générale, les risques associés à la durée du sommeil et à l’exposition aux écrans semblent se cumuler : les enfants dormant peu ou beaucoup à 2 ans et exposés à 1 heure et 24 minutes d’écran par jour à 5 ans étaient deux fois plus nombreux à porter des lunettes à cet âge que ceux qui dormaient « normalement » à 2 ans, sans exposition aux écrans.
 

Des constatations qui pourraient dépasser le stade « petite enfance »

« Il n’est pas exclu que l’influence du sommeil sur la vision se prolonge au cours de l’enfance et jusqu’à l’adolescence, stade auquel l’œil cesse de se développer. Mais nos données ne nous permettent pas de le vérifier. En attendant, ces résultats plaident pour un sommeil adapté et de qualité dès le plus jeune âge, sachant que les enfants en tireront également un bénéfice pour leur santé psychique ou encore métabolique ! », rappelle Sabine Plancoulaine, la directrice de l’étude.

D’autres investigations seront nécessaires pour confirmer ces résultats et en évaluer les mécanismes sous-jacents. Mais en attendant, ils amènent de l’eau au moulin aux partisans d’horaires de coucher stricts à ces âges… Et d’une limitation a minima des écrans !