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Petite enfance : veillée d’armes pour une mobilisation nationale

Petite enfance : veillée d’armes pour une mobilisation nationale
Publié le 09/09/2024
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
A l’approche de la sortie du livre-enquête de Victor Castanet sur les crèches privées, le SNPPE interpelle le premier ministre Michel Barnier sur « l’impact destructeur » des politiques publiques de la petite enfance.

Ce sera sans nul doute un événement, comme le fut la publication de son précédent livre Les Fossoyeurs (Fayard) : le journaliste d’investigation Victor Castanet s’apprête à sortir sa nouvelle enquête intitulée Les Ogres (Flammarion). Elle s’intéresse cette fois à la petite enfance, et plus particulièrement aux crèches privées, et fait déjà trembler les géants du secteur.

Les alertes avaient été nombreuses : dès 2017 un rapport de plusieurs inspections générales avait pointé la rentabilité « excessive » des structures privées. En 2020 pendant la crise sanitaire, L’assmat avait relevé des incohérences dans le traitement par les pouvoirs publics des maisons d’assistantes maternelles et des micro-crèches. Nous avions notamment questionné la présence du lobby des crèches privées, la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC), au sein du conseil d’administration de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) au titre du MEDEF, alors qu’aucun représentant des assistantes maternelles, pourtant premier mode d’accueil de France, ni de l’économie sociale et solidaire, n’y ont leur rond de serviette.

Un réveil bien tardif

Par la suite, d’autres enquêtes ont pointé les dérives du business des crèches privées, mais l’attention médiatique ne s’est malheureusement emballée qu’à la suite du décès d’une fillette à Lyon en juin 2022 dans une crèche gérée par People&Baby. Ce drame avait déclenché une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), puis la publication de deux livres enquête en septembre 2023, Le prix du berceau (Seuil) et Babyzness (Robert Laffont).

On aurait pu espérer un réveil moins tardif du quatrième pouvoir sur la petite enfance, alors que l’essor des crèches privées a longtemps été vanté comme une success story à la française. Aujourd’hui, le secteur traverse une crise sans précédent, et le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) entend bien le rappeler au nouveau Premier ministre. « Pendant des années, les professionnel·le·s ont été sacrifié·e·s, non seulement par les dérives du secteur privé, mais aussi par des politiques publiques qui ont favorisé les économies budgétaires au détriment de la qualité de l’accueil des enfants » dénonce-t-il dans un communiqué publié aujourd’hui.
 

Contre l’austérité

« Les politiques d’austérité et les décisions économiques qui ont favorisé les "ogres" de la privatisation et de la réduction des coûts ont dévasté les valeurs fondamentales de notre secteur. Ces "ogres", qu’ils soient privés ou publics, doivent cesser de sacrifier la petite enfance sur l’autel de la rentabilité » poursuit-il.

Le syndicat annonce la préparation d’une mobilisation nationale, dans les semaines qui viennent, dont la date sera prochainement annoncée. Et interroge :  « M. Barnier, aurez-vous le courage de rompre avec ces politiques destructrices ou continuerez-vous à laisser le secteur s’enfoncer dans la crise » ?