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Trop chercher à aider les enfants freine leur développement

Trop chercher à aider les enfants  freine leur développement
Publié le 24/03/2021
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Vouloir trop aider les enfants lorsqu’ils sont engagés activement dans un jeu ou une tâche risque d’être contre-productif. Une sur-intervention diminuerait leurs facultés d’auto-régulation de leurs émotions, ainsi que leurs compétences cognitives.

Quand les enfants sont absorbés dans un jeu ou une tâche, mieux vaut rester en retrait que de chercher à tout prix à les aider. Au risque de diminuer leurs capacités d’autonomie et de régulation de leurs émotions. C’est ce qui ressort d’une étude de Stanford, publiée le 11 mars dernier dans le Journal of Family Psychology.
 

Mesurer le « sur-engagement » parental

L’étude, dirigée par Jelena Obradović, professeur à l’université de Stanford, a porté sur un groupe de 102 enfants de 4 à 6 ans. Via des enregistrements vidéo, les chercheurs ont observé l’attitude de leurs parents lorsque les enfants étaient activement occupés à jouer, chargés de nettoyer des jouets, d’apprendre un nouveau jeu ou de discuter d’un problème. Jelena Obradović et ses collaborateurs ont cherché à mesurer de ce qu’ils appellent le « sur-engagement parental ». Ils ont noté les moments où un enfant menait une activité de manière autonome et calculé le ratio entre les moments où les parents intervenaient dans le but d’aider leur enfant et ceux où ils laissaient celui-ci se débrouiller seul.

Corrélation directe entre interventionnisme et baisse des capacités

Les chercheurs ont trouvé une corrélation entre des niveaux élevés d’intervention des parents face à des enfants concentrés sur une tâche et la survenue de difficultés comportementales et cognitives chez ces derniers. La corrélation la plus étroite concernant les fonctions exécutives impliquant une forte charge émotionnelle. Un phénomène généralisé, par-delà la diversité des profils socio-économiques des participants. Ces conséquences négatives n’apparaissent pas, par contre, quand un enfant est engagé de manière passive dans son activité. « Un excès d’interventionnisme peut peser sur les capacités des enfants à contrôler leur attention, leur comportement et leurs émotions, décrypte Jelena Obradović, A l’inverse, quand on les laisse prendre la main sur leurs interactions, ils s’entraînent à réguler leurs facultés d’auto-régulation et à construire leur indépendance. »
 

La maternelle, une phase cruciale pour les apprentissages

Ces travaux sont très instructifs sur la manière dont les parents, mais aussi les éducateurs comme les assistantes maternelles, sont susceptibles d’entraver, en voulant bien faire, le développement des enfants. Trouver le dosage adéquat de ses interventions auprès des petits est particulièrement important durant la période cruciale de transition qui précède l’entrée à l’école élémentaire. Car à l’arrivée à la « grande » école, ils sont censés canaliser leur attention, leurs émotions et leur comportement sans l’aide directe de leurs proches adultes.

Trouver le bon dosage pour encadrer au mieux les enfants

La culpabilisation n’est toutefois pas de mise. « Il n’y a rien de mal à suggérer des idées ou de donner des conseils aux enfants, pointe Jelena Obradović. La recherche a d’ailleurs montré que l’engagement des adultes aidait les enfants à construire leurs capacités cognitives et émotionnelles. » Par exemple, quand on lit un livre à un enfant, il peut être intéressant de discuter des jalons de l’histoire avec lui. De même, aider un enfant d’âge préscolaire à compléter un puzzle soutient le développement cognitif et développe l’autonomie. Le rôle de guide de l’adulte est important quand les enfants ne sont pas attentifs, qu’ils enfreignent les règles ou ne s’engagent qu’à moitié dans une activité.

Parfois, cependant, les enfants ont juste besoin d’être laissés se débrouiller seuls ou qu’on leur permette d’être aux commandes. Même si cela nous démange d’intervenir, il nous faut prendre sur nous pour les laisser tâtonner, se tromper, prendre leur temps. Cela développera leur capacité de déduction et leur rapidité d’exécution.